mercredi 16 octobre 2013

Brève Histoire du Monde (10/11) - Deux Trios et un Grand Résumé

« Brève histoire du Monde » n’est peut-être pas le meilleur titre que l’on ait pu choisir pour cette série… Elle n’est finalement pas aussi brève que je ne le pensais au début. Nous avons parcouru quasiment les douze premiers chapitres de Béréchit ensemble.
Je vous ai laissés la dernière fois avec quelques questions au sujet de la Tour de Babel. On y reviendra dans la seconde partie de ce cours. Car en effet je voudrais le faire dans le contexte d’un résumé de tout ce qu’on a vu jusqu’à présent. Nous avons vu beaucoup d’idées, semaine après semaine, et je suis conscient qu’il n’est pas forcément aisé de recoller tous les morceaux dans une sorte de « photo globale ».



 C’est ce à quoi je vais m’atteler dans ce cours, en montrant que, globalement, tout ce qu’on a vu jusqu’à présent se goupille parfaitement ensemble.

Le Grand Résumé


Reprenons depuis le début de l’histoire.
La Création (Béréchit 1-3) : les six jours de la création (Création I), suivi du shabbat. Mais là, de manière inexplicable, on a une nouvelle version de la création (Création II). On a l’impression de revoir certains éléments qui ont déjà été créés se faire créer une nouvelle fois : le ciel, la terre, l’homme, les animaux, les arbres, les rivières etc. D.ieu dit alors qu’il n’est pas bon pour l’homme d’être seul et il lui montre tous les animaux, puis crée la femme à partir d’une de ses côtes. Puis on tombe dans l’histoire de l’Arbre de la connaissance avec le serpent, la faute et l’expulsion du Gan ’Eden avec les malédictions que l’on connaît.
Bref, la Création est composée de Création I, Shabbat et Création II.

Parmi les malédictions que l’homme reçoit après avoir consommé de l’Arbre de la Connaissance, il y a la mort qui vient au monde. Et une application très concrète est l’histoire de Caïn et Hévèl qui suit l’histoire de la Création.
Suite à cela, l’humanité se comporte mal et D.ieu décide de détruire la terre. C’est le déluge. D’ailleurs, nous avions remarqué que ce n’est pas seulement l’humanité que D.ieu voulait anéantir de la surface de la terre, mais plutôt, Il voulait détruire la terre elle-même (cf. cours°2 - § Création et Recréation), Il voulait, en quelques sortes, repartir d’une page blanche. Car l’environnement était tellement important dans ce monde, il y avait une sorte de symbiose entre l’Homme et son environnement que la corruption de l’Homme entraîna aussi celle de l’environnement. L’environnement se trouvant « pollué », lui aussi devait être détruit.

Le monde qui suivra le déluge sera différent. Il sera moins sensible au comportement de l’Homme. D.ieu donnera une position de domination sur le monde. L’Homme peut désormais tuer l’animal pour le  manger alors qu’avant le déluge tous deux broutaient de la même herbe. C’est ce qu’on retrouve dans l’image de la porte de l’Arche de Noa’h : c’est D.ieu qui la ferme, mais c’est Noa’h, l’homme, qui l’ouvre après le déluge.
A la fin du déluge, il y a un monde à recréer. C’est là que nous trouvons la Recréation (Béréchit 8-11). Toute une série incroyable de parallèles nous renvoie à l’histoire de la Création. On retrouve l’eau, le vent, le chaos, les profondeurs etc. L’eau du déluge qui redescend et laisse apparaître la terre, la séparation des eaux d’en haut d’avec celles d’en bas, l’apparition de la végétation, des animaux… (cf. toujours le cours°2). Chaque jour de la création se retrouve dans la recréation ; tout, et dans le même ordre ! Lorsque l’Homme sort de l’arche, c’est un écho à la création de l’homme, Adam. Mais cette fois dans un équilibre homme-animal.

Un premier trio

De même que la création se terminait avec le Shabbat, nous nous serions attendus à trouver aussi une sorte de Shabbat à la fin de la recréation. C’est l’histoire de l’Arc-en-ciel ①. Et nous avions vu que finalement c’était pareil : dans les deux cas – Shabbat de la création et Arc-en-ciel après le déluge – il s’agit d’une sorte de repos, d’arrêt de D.ieu. Dans les deux cas, l’épisode est immédiatement suivi ou précédé par une injonction de D.ieu à l’homme l’encourageant à se multiplier, à avoir des enfants ; le fameux Pérou Ourevou. Quel rapport entre le fait d’avoir des enfants et le Shabbat ou l’Arc-en-ciel ? Eh bien, le Shabbat marque l’arrêt de la création : D.ieu promet que c’est fini, il ne créera plus, il ne changera plus les lois de la physique : l’homme peut avoir confiance en la stabilité du monde, il peut penser à avoir des enfants. De même, l’Arc-en-ciel est la promesse de D.ieu de ne plus détruire le monde : l’homme peut avoir confiance en l’avenir et peut avoir des enfants.

On voit bien que les idées transmises par le Shabbat et l’Arc-en-ciel sont similaires. Mais, de manière déconcertante, les textes de ces deux histoires ne sont pas du tout similaires. En réalité, l’Arc-en-ciel ne renvoie pas au Shabbat de la création, mais au Shabbat du Séfer Chémot (chap. 31) ②… Là bas, on va retrouver plein de parallèles avec l’épisode de l’Arc-en-ciel (« alliance », « entre moi et vous », « signe » etc.)

Nous avons aussi remarqué que les histoires de la création et recréation étaient souvent écrites en chiasme – atbach. Par exemple, l’épisode de l’Arc-en-ciel est rédigé sous forme d’atbach[1]. Son centre est le verset suivant (Béréchit 9:13-14):
וְהָיְתָה לְאוֹת בְּרִית, בֵּינִי וּבֵין הָאָרֶץ. וְהָיָה, בְּעַנְנִי עָנָן עַל-הָאָרֶץ 
et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre. A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre 
Et il n’est pas étonnant que presque chaque mot de cette phrase renvoie au Shabbat : oth, berith, beini oubein, haarets.

En nous renvoyant au Shabbat de Chémot 31 plutôt qu’à celui du septième jour de la création, il semblerait que la Torah souhaite que l’on analyse aussi ce qu’il se passe autour de ce Shabbat de Chémot

Eh bien, que se passe-t-il juste après le Shabbat de Chémot ? Il s’agit de l’épisode du Veau d’Or. Je vous renvoie à une étude que j’ai faite au sujet du Veau d’Or[2]. En substance, j’y montre que le Veau d’Or est une nouvelle sorte d’histoire de Noa’h / déluge. Sauf que celle-ci se joue au niveau du seul peuple hébreu tandis que le déluge détruisit le monde entier. Dans les deux cas (Veau d’Or et Déluge de Noa’h) :
-          Les hommes se dépravent
-          D.ieu veut les détruire … et reconstruire l’humanité / le peuple hébreu à partir d’un seul homme (Noa’h / Moché)

Dans l’histoire du veau d’or, il y a des tas de mots écrits avec les lettres « נ » et « ח » qui forment le nom de Noa’h (par exemple « לי הניחה » ou encore « וינחם ‏ה׳ » qui n’apparaît que deux fois dans la Torah : dans l’histoire du Veau d’Or et dans celle du Déluge…).

Bref, la Torah, grâce à des liens textuels et chiastiques, nous renvoie dans un autre endroit que celui auquel on s’attendait. Peut-être est-ce le début d’une série d’autres parallèles qui continue. C’est à creuser (ואכמ״ל). Mais il y a surement une idée à développer qui serait la suivante : de même qu’il y a eu un monde de la création, puis un monde de la recréation suite au déluge, il y aurait un monde d’un 3ème type, celui du peuple hébreu, avec lequel D.ieu a une relation particulière…

Fermons cette parenthèse. Nous avons vu quelque chose de fascinant (cours n°4) : il y a une troisième histoire dans la Torah qui reprend le même champ lexical de Berith ; Oth ; Beini ouBeineikheim ; Lédoroth ’Olam. Il s’agit de la mitsva de la Brith Mila ③ donnée à Avraham (Béréchit 17).

Nous ne sommes pas les premiers à avoir relevé ces similitudes entre le Shabbat et la Mila. Le Talmud, déjà, avait tiré des conclusions halakhiques de ces connexions (TB Shabbat 132a) :


 
Le Talmud observe la répétition des mots « signe », « alliance » et « générations » entre ces deux sections de la Torah et en déduit une sorte de connexion halakhique entre la Mila et le Shabbat, à savoir : l’accomplissement de la mitsva de la Brith Mila se fait le Shabbat, malgré l’interdiction de mélakha (mila do’ha shabbat).

En ce qui nous concerne, les messages de ces deux épisodes sont très similaires ; il s’agit dans les deux cas d’une alliance pour canaliser correctement notre manière de créer :
-          Shabbat : Au niveau de la communauté : il faut maîtriser la créativité collective, la technologie, la mélakha[3]
-          Mila : Au niveau individuel : il faut maîtriser sa créativité biologique

Résumons…

Il se trouve, comme on l’a vu, que :
-          Le tout début des parallèles “Création-Recréation” est marqué par le centre d’un chiasme, celui de l’histoire du déluge (« D.ieu s’est souvenu de Noa’h »)
-          le milieu des parallèles “Création-Recréation” est marqué par un trio d’histoires liées entre elles par des mots qui reviennent et des centres de chiasmes similaires…

L’axe des temps démarre à droite. Les triangles représentent des chiasmes,
et les traits fins représentent des parallèles textuels entre épisodes de la Torah.
Et la fin des parallèles se termine aussi par un 2ème trio d’histoires en atbach que nous allons nous empresser de rappeler maintenant…

Et un deuxième trio

En effet, nous avons vu que deux histoires – ‘Noa’h et la Vigne’ et ‘La Tour de Babel’ – étaient des échos de l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden. Nous avons également montré que ces trois histoires étaient écrites en atbach.

Et, la dernière fois, nous étions restés sur une question un peu perturbante : comment se fait-il que le centre du chiasme de l’histoire de la Tour de Babel ne ressemble pas aux centres des atbach des deux autres histoires ? Et puis, de toutes les façons, pourquoi l’histoire de l’Arbre de la Connaissance se retrouve-t-elle deux fois dans la Recréation alors que tous les autres éléments ne se retrouvent qu’une fois?

Eh bien, il y a deux manières – qui se complètent – de répondre à cette question : soit linguistiquement, soit thématiquement.

D’un point de vue thématique – et nous l’avons déjà relevé – ces deux histoires ‘Noa’h et la Vigne’ et ‘La Tour de Babel’ reflètent, chacune, un aspect de l’histoire de l’Arbre de la Connaissance dans le monde de la Recréation. Dans le monde de la Recréation, il y a deux formes de créativité pour lesquels il existe un challenge de ne  pas s’y identifier ; l’une est individuelle et biologique, l’autre est collective et technologique.

Mais cette idée se retrouve également d’un point de vue linguistique ; et c’est ce que je trouve fascinant !

En effet, les parallèles entre l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden et celle de Noa’h et la Vigne sont bien distincts de ceux d’avec l’histoire de la Tour de Babel. Ceci appuie l’idée qu’il existe deux faces, deux traductions de l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden.

Pour bien le voir, découpons l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden en trois parties :
-          le prologue qui traite de la création de la terre, du ciel, de l’homme
-          l’histoire principale avec le serpent, la faute et la punition
-          l’épilogue où Hachem parle à Sa court céleste et expulse l’homme etc.

Et surlignons les parallèles que nous avons identifiés par le passé :
-          les parallèles avec Noa’h et la Vigne en bleu
-          les parallèles avec la Tour de Babel en jaune

Voyons le résultat :

Prologue

L'Éternel-Dieu façonna l'homme, - poussière détachée du sol, - fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. L'Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l'orient, et y plaça l'homme qu'il avait façonné. L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de vie au milieu du jardin, avec l'arbre de la science du bien et du mal. (…)
L’Éternel-Dieu dit: "Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide digne de lui." L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom. L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie. L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme, qui s’endormi; il prit une de ses côtes, et forma un tissu de chair à la place. L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme. Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich." C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.


Le prologue se termine par une transition : Adam nomme sa femme « Icha »

Histoire

Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte. (…) La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea. Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s'en firent des pagnes. Ils entendirent la voix de l'Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d'où vient le jour. L'homme et sa compagne se cachèrent de la face de l'Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin. L'Éternel-Dieu appela l'homme, et lui dit: "Où es-tu?" Il répondit: "J'ai entendu ta voix dans le jardin; j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché." Alors il dit: "Qui t'a appris que tu étais nu? Cet arbre dont je t'avais défendu de manger, tu en as donc mangé?" L'homme répondit; "La femme - que tu m'as associée - c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'ai mangé," L'Éternel-Dieu dit à la femme: "Pourquoi as-tu fait cela?" La femme répondit: "Le serpent m'a entraînée, et j'ai mangé." L'Éternel-Dieu dit au serpent "Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres: tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie. Je ferai régner la haine entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne: celle-ci te visera à la tête, et toi, tu l'attaqueras au talon." A la femme il dit: "J'aggraverai tes labeurs et ta grossesse; tu enfanteras avec douleur; la passion t'attirera, vers ton époux, et lui te dominera." Et à l'homme il dit: "Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras. Elle produira pour toi des buissons et de l'ivraie, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, - jusqu'à ce que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras!"


Epilogue
 


L'homme donna pour nom à sa compagne "Ève" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. L'Éternel-Dieu fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit. L'Éternel-Dieu dit: "Voici l'homme devenu comme l'un de nous, en ce qu'il connait le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie; il en mangerait, et vivrait à jamais." Et l'Éternel-Dieu le renvoya du jardin d'Éden, pour cultiver la terre d'où il avait été tiré. Ayant chassé l'homme, il posta en avant du jardin d'Éden les chérubins, avec la lame de l'épée flamboyante, pour garder les abords de l'arbre de vie.

Et l’épilogue commence par une transition : Adam nomme sa femme « ’Hava »

Voilà ce qui frappe :
-          l’histoire elle-même ne contient que des parallèles à l’histoire de Noa’h et la Vigne
-          tous les parallèles à la Tour de Babel sont dans le prologue et l’épilogue
-          Les deux transitions sont des parallèles à la Tour de Babel

Ce qu’on vient de voir d’un point de vue textuel confirme ce que nous relevions d’un point de vue thématique : l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden se projette en deux histoires distinctes (‘Noa’h et la Vigne’ et ‘la Tour de Babel’) ; c’est comme si le fruit de l’Arbre de la Connaissance prenait deux formes distinctes, celle du pouvoir créateur individuel, biologique et celle du pouvoir créateur collectif et technologique.

Voilà ce qui est fascinant et qui va répondre (enfin) à notre question au sujet du centre du chiasme de la Tour de Babel qui a l’air déconnecté des centres des chiasmes des deux autres histoires du trio.

L’histoire de la Tour de Babel trouve ses parallèles dans le prologue et dans l’épilogue. On s’attend donc à ce que le centre du chiasme de la Tour de Babel soit l’écho de ce qui tend le plus vers le centre de ses parallèles dans l’histoire de l’Arbre de la Connaissance, à savoir, les deux transitions.

Et vous savez quoi ? C’est exactement ce que l’on trouve !
Les deux transitions parlent de :
Adam qui nomme sa femme qui a été créée (litt. « construite ») par Hachem.
Le centre du chiasme de la Tour de Babel parle de :
                Les Hommes (fils d’Adam) qui nomment la tour qui a été construite par eux-mêmes.

Comme dans la figure plus haut, les triangles représentent des chiasmes, et les traits fins représentent des parallèles textuels entre épisodes de la Torah. Les traits pointillés représentent ici les liens textuels entre les centres des chiasmes.


On voit bien la transition entre Adam et les hommes de la Tour de Babel. S’il était normal qu’Adam nomme celle qui allait devenir sa femme, une personne extérieure à lui ; il n’est rien de plus narcissique que de se nommer soi-même sur une création faite par soi-même, comme l’ont fait les hommes de Babel. On pourrait alors exprimer la « crainte » de D.ieu comme suit : « Où cela va-t-il se terminer si les hommes continuent à se regarder le nombril, plein d’autosatisfaction de ce qu’ils créent ? »


Conclusion


C’est avec les histoires de la Tour et de la Vigne que les parallèles de la Création et Recréation se terminent. Je crois que cela signifie que tout ce qui va suivre dans le livre de Béréchit pourra être vu à travers le prisme de la Création/Recréation qui forme, en quelques sortes, le contexte de tout le livre.

Va démarrer maintenant l’histoire d’Abraham, une sorte de 3ème monde (après ceux de la Création et de la Recréation). Je crois que tous les thèmes que l’on a vus jusqu’à présent vont se retrouver, à un autre niveau, dans ce 3ème monde : défi lié au pouvoir de créer, volonté de se faire un nom, être (ou pas) « traitre » avec sa propre progéniture, comment réagir quand sa progéniture nous déçoit etc.

Tous ces thèmes vous nous accompagner lorsque nous étudierons la saga d’Avraham. En attendant, la prochaine fois nous étudierons son prologue et la manière dont Avraham a été introduit dans la Torah.


 

A la prochaine !
Traduit librement par Naty à partir d’une série de conférences données par Rav Fohrman en 2007. Le titre original de la série est : « Brief History of the World: From Adam to Abraham ».



[1] N.d.T – Détails dans l’épisode 4
[2] N.d.T – Pas encore traduite en français…
[3] La mélakha n’est finalement rien d’autre que l’action de modeler le monde alentour afin d’arranger sa propre vie

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