mardi 20 novembre 2012

Hagar et Yshmaël et la naissance du conflit palestinien

Nous allons étudier dans ce cours le chapitre 16 de Béréchit dans la Paracha de Lekh Lekha. Dans ce chapitre, Saraï prend conscience qu’elle n’a toujours pas donné d’enfant à Avram, elle lui propose donc d’aller avec sa servante Hagar, ce qu’il fait. Hagar, enceinte d’Avram,  commence à considérer Saraï avec condescendance. Ne supportant pas cette situation, Saraï se plaint à Avram qui lui suggère alors de faire de sa servante ce que bon lui semble. Saraï sévit contre Hagar et provoque sa fuite dans le désert. Cette dernière y rencontre un ange qui lui dit de retourner chez sa maîtresse, lui promet une grande descendance, et un fils au nom d’Yshmaël. Hagar retourne alors chez Avram et Saraï, et met au monde un enfant au nom d’Yshmaël.

Relisons ce passage dans le texte (cf. Annexe), et voyons ce qui peut paraître bizarre.

Questions préliminaires


Plusieurs questions peuvent surgir, dont en voici quelques unes :
-          L’ange qui s’adresse à Hagar, est-il gentil ou non ? Sensible ou pas ? En effet, il annonce à Hagar que D.ieu l’a entendue, qu’elle aura une grande descendance, et en même temps, il lui demande de retourner chez Saraï quitte à être oppressée.
-          Les réactions de Saraï sont étranges à deux égards :
o   D’une part, elle fait souffrir Hagar suite à ses provocations, ce qui semble être une réaction puérile.
o   D’autre part, elle se met en colère contre Avram, alors qu’il n’a fait que l’écouter.
-          Les propos de Hagar après sa discussion avec l’ange (versets 13 et 14) sont étranges et difficiles à comprendre.
-          Certains mots dans le dialogue entre l’ange et Hagar paraissent superflus. Si vous étiez un éditeur, avec un stylo rouge, lesquels enlèveriez-vous, sans changer le sens des propos tenus ?
La deuxième occurrence de « וַיֹּאמֶר לָהּ מַלְאַךְ ה׳ » - « L’ange lui dit » (v. 10) est superflue. En effet, l’ange ne s’était pas arrêté de parler. On dirait un deuxième dialogue qui commence. Pour la même raison, la troisième occurrence de « וַיֹּאמֶר לָהּ מַלְאַךְ ה׳ » - « L’ange lui dit » (v. 11) est également superflue.
On trouve plusieurs fois dans la Torah une succession de « וַיֹּאמֶר » - « il dit » alors que c’est toujours la même personne qui parle. Ceci indique que chaque propos énoncé est un sujet à part entière. Rav Shimshon Raphaël Hirsch explique qu’en fait, après chaque propos de l’ange, on s’attend à une réponse de Hagar, mais celle-ci ne vient pas. Alors l’ange reprend la parole.
-          Toujours à propos de ce dialogue, les paroles échangées sont étranges tant de la part de Hagar que de celle de l’ange :
o   L’ange est-il voyant ? Apparemment oui, puisqu’il sait qui elle est et vu tout ce qu’il lui annonce. Alors quel est le sens de sa première question «אֵי-מִזֶּה בָאת--וְאָנָה תֵלֵכִי » - « d'où viens tu, et où veux-tu aller? » (v. 8), est-ce juste un moyen d’entamer la conversation ?
o   Hagar a-t-elle répondu à l’ange, ou non ? Elle lui répond, mais uniquement à sa première question : « וַתֹּאמֶר--מִפְּנֵי שָׂרַי גְּבִרְתִּי, אָנֹכִי בֹּרַחַת » - « Elle répondit: "Je fuis de devant Saraï, ma maîtresse". » (v. 8). Elle répond d’où elle vient, mais pas où elle va… En fait, elle ne sait pas répondre à cette question.
-          La bénédiction que l’ange fait à Hagar est pour le moins déconcertante « tu auras un enfant sauvage, sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui ». Auriez-vous apprécié une telle bénédiction ?! Hagar, elle, a l’air de s’en réjouir, puisque c’est celle-ci qui la fait retourner chez Saraï.
Nous reviendrons sur le dialogue entre Hagar et l’ange dans la suite du cours.

Mais pour l’instant, pour tenter de comprendre un peu ce qui se passe dans cette histoire, nous allons d’abord en étudier le contexte. 

Le contexte


L’histoire en question suit directement le passage où D.ieu promet à Avram une grande descendance et contracte avec lui le Berith Ben Habétarim. Voici un extrait de ce passage (Béréchit 15 :2-3) :
ב וַיֹּאמֶר אַבְרָם, אֲדֹנָ-י יְהוִ-ה מַה-תִּתֶּן-לִי, וְאָנֹכִי הוֹלֵךְ עֲרִירִי וּבֶן-מֶשֶׁק בֵּיתִי הוּא דַּמֶּשֶׂק אֱלִיעֶזֶר.
2 Abram répondit: "D.ieu-Éternel, que me donnerais-tu, alors que je m'en vais sans postérité et que le fils adoptif de ma maison est un Damascénien, Eliézer?"
ג וַיֹּאמֶר אַבְרָם--הֵן לִי לֹא נָתַתָּה זָרַע; וְהִנֵּה בֶן-בֵּיתִי יוֹרֵשׁ אֹתִי.
3 "Certes, disait Abram, tu ne m’as pas donné de postérité, et l’enfant de ma maison sera mon héritier."

Que trouvez-vous d’étrange dans ces deux versets ?

Là encore, comme l’ange qui parle à Hagar, Avram prend la parole à deux reprises : «וַיֹּאמֶר אַבְרָם », sans que D.ieu n’intervienne entre ces deux propos. Et les deux fois, Avram dit la même chose, à savoir qu’il n’a pas de d’enfant, et qu’il ne sait pas d’où viendra sa descendance.
Il le dit une première fois, et attend une réponse de D.ieu. Mais Il ne répond pas. Alors Avram répète sa question. Et là, D.ieu répond « Tu auras un enfant » etc.
Pourquoi D.ieu ne lui répond-il pas la première fois ? On dirait qu’il est réticent à répondre à cette question, et il faut qu’Avram insiste pour avoir une réponse. Pourquoi ?

Une histoire à trois voix


Revenons au chapitre 16.
Pourquoi Saraï s’inquiète-t-elle alors qu’Avram vient de recevoir une promesse de D.ieu qu’il aurait une descendance biologique ?
Réponse : Hachem n’a jamais dit à Avram que cet enfant serait de Saraï.

Réaction de Saraï


Avram aurait donc parlé à Saraï de la promesse qu’il a reçu de D.ieu, et la réponse de Saraï à cette annonce aurait été : « je ne dois pas être concernée par cette promesse ».
D’après Rachi (cf. Rachi sur Béréchit 16-5), c’est pour cette raison qu’elle en veut à Avram, car il n’aurait prié que pour lui, et pas pour elle.

חמסי עליך  : חמס העשוי לי, עליך אני מטיל העונש, כשהתפללת להקב"ה מה תיתן לי ואנכי הולך ערירי, לא התפללת אלא עליך, והיה לך להתפלל על שנינו והייתי אני נפקדת עמך.
Mon injure (‘hamassi) est la tienne L’injure qui m’est faite, je t’en ferai subir le châtiment. Quand tu as prié le Saint béni soit-Il, en ces termes : « que me donneras-tu, alors que je m’en vais sans postérité ? » (supra 15, 2), tu n’as prié que pour toi. C’est pour nous deux que tu aurais dû prier, et alors j’aurais été exaucée avec toi (Beréchith raba 45, 5).

Dès qu’Avram fait part à Saraï de la promesse qu’il a reçue d’Hachem, on assiste à une sorte de cascade, de réaction en chaîne : Saraï voit qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, elle propose Hagar à Avram, celle-ci tombe enceinte et néglige sa maîtresse qui se met en colère contre son mari, celui-ci lui dit de faire ce que bon lui semble avec sa servante, elle la fait donc souffrir, et Hagar s’enfuit…

Comment expliquer que Saraï propose Hagar à Avram ? Et pourquoi fait-elle souffrir Hagar lorsque celle-ci la néglige ? Aurait-elle perdu son sang froid ? Serait-elle vindicative ?

Saraï se dit « si je ne peux pas être la mère biologique, je peux au moins en choisir une et élever ses enfants, et tout se passera comme si ils seront les miens ». Saraï attend donc d’élever les enfants d’Hagar sa servante comme les siens, ils constitueront ainsi sa descendance. Mais lorsque Hagar considère Saraï comme son égale, elle considère son enfant comme le sien propre, et le plan de Saraï tombe à l’eau. Saraï tient à remettre les pendules à l’heure : « La maîtresse, c’est moi, et tout ce qui vient de toi est à moi ».
Mais Hagar s’enfuit, refusant de remplir ce rôle.

Parallèles


Revenons à la question que nous avons posée sur le chapitre 15 : pourquoi Hachem semble-t-il réticent à répondre à la question de la descendance d’Avram ? Pourquoi fallait-il qu’Avram répète sa question deux fois ?

Alors analysons un peu le texte de notre passage sur Hager et Yshmaël pour essayer d’y apporter une réponse.

Béréchit 16, verset 3 :
ג וַתִּקַּח שָׂרַי אֵשֶׁת-אַבְרָם אֶת-הָגָר הַמִּצְרִית שִׁפְחָתָהּ מִקֵּץ עֶשֶׂר שָׁנִים לְשֶׁבֶת אַבְרָם בְּאֶרֶץ כְּנָעַן; וַתִּתֵּן אֹתָהּ לְאַבְרָם אִישָׁהּ לוֹ לְאִשָּׁה.
3 Saraï, épouse d'Abram, prit Agar l'Egyptienne, son esclave, il y avait dix ans qu’Abram demeurait au pays de Canaan; et elle la donna à son époux Abram pour qu'elle lui servît de femme.


Ces verbes/mots surlignés ne vous rappellent-ils rien ?
Eh bien, je dois vous dire que cette combinaison : « לְאִישָׁהּוַתִּתֵּןוַתִּקַּח » - « elle a pris et a donné à son mari » n’apparaît qu’une seule autre fois dans toute la Torah ! Savez-vous où cela se trouve ?
Quelle autre femme prend une chose et en donne à son mari ?


Continuons notre lecture pour trouver un autre indice.

Béréchit 16, verset 2 :
ב וַתֹּאמֶר שָׂרַי אֶל-אַבְרָם הִנֵּה-נָא עֲצָרַנִי ה׳ מִלֶּדֶת--בֹּא-נָא אֶל-שִׁפְחָתִי אוּלַי אִבָּנֶה מִמֶּנָּה; וַיִּשְׁמַע אַבְרָם לְקוֹל שָׂרָי.
2 Saraï dit à Abram: "Hélas! l'Éternel m'a refusé l'enfantement; approche-toi donc de mon esclave: peut-être, par elle, aurai-je un enfant." Abram obéit à la voix de Saraï.

Un homme qui écoute la voix de sa femme…
Connaissez-vous une autre histoire où un homme écoute sa femme ? Cela se passe d’ailleurs dans de fâcheuses circonstances…

Vous l’avez peut-être trouvé. Alors, regardez les versets suivants pour en avoir le cœur net (Béréchit 3, versets 6 et 17) :
ו וַתֵּרֶא הָאִשָּׁה כִּי טוֹב הָעֵץ לְמַאֲכָל וְכִי תַאֲוָה-הוּא לָעֵינַיִם וְנֶחְמָד הָעֵץ לְהַשְׂכִּיל וַתִּקַּח מִפִּרְיוֹ וַתֹּאכַל; וַתִּתֵּן גַּם-לְאִישָׁהּ עִמָּהּ וַיֹּאכַל.
6 La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea.


יז וּלְאָדָם אָמַר כִּי-שָׁמַעְתָּ לְקוֹל אִשְׁתֶּךָ וַתֹּאכַל מִן-הָעֵץ אֲשֶׁר צִוִּיתִיךָ לֵאמֹר לֹא תֹאכַל מִמֶּנּוּ--אֲרוּרָה הָאֲדָמָה, בַּעֲבוּרֶךָ בְּעִצָּבוֹן תֹּאכְלֶנָּה כֹּל יְמֵי חַיֶּיךָ.
17 Et à l'homme il dit: "Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras.

L’histoire du « fruit défendu »… Dans ces deux histoires (fuite de Hagar, arbre de la connaissance du bien et du mal), une femme propose quelque chose à son mari, et celui-ci l’écoute. La femme prend cette chose et le donne à son mari.
Dans le chapitre 3, il s’agit du fruit défendu. Dans celui qui nous intéresse, il s’agit de Hagar. Hagar serait donc… le fruit défendu !

Mais ceci paraît obscur. Pourquoi Hagar serait-elle comparée au fruit défendu ?
Laissons cette question de côté pour l’instant et cherchons s’il y a d’autres parallèles entre ces deux histoires. Voyons voir…

-          L’ange demande à Hagar : « אֵי-מִזֶּה בָאת », question de localisation, avec la racine « אֵי ».
De même, Hachem demande à Adam « אַיֶּכָּה » - « où es-tu ».
-          Hagar s’enfuit, et tente de se cacher, de même que Adam de ‘Hava qui essayent de se cacher.
-          Que se passe-t-il juste avant l’histoire du fruit défendu ? La création de ‘Hava durant laquelle Hachem plonge Adam dans un sommeil profond - « תַּרְדֵּמָה ». Ce mot n’apparaît que deux fois dans tout le ’Houmach. Avec Adam quand il crée ‘Hava, et… avec Avram : (Béréchit 15 verset 12) : « וְתַרְדֵּמָה נָפְלָה עַל-אַבְרָם », « une torpeur s’empara d’Avram ».
-          Notons d’ailleurs qu’Avram parle à D.ieu en tant que « אֲדֹנָ-י אלוקים  » (Béréchit, Chapitre 15, verset 2). La dernière fois avant celle-ci où D.ieu est appelé de la sorte, c’est dans le passage de Adam et ’Hava dans le Gan Eden. Dans les chapitres 2(création de ’Hava)  et 3 (faute de Adam et ’Hava) de Béréchit, D.ieu est appelé « אֲדֹנָי אלוקים  » à 19 reprises. Après, il n’est plus jamais appelé comme ça jusqu’au chapitre 15 où Avram s’adresse à D.ieu. L’histoire d’Avram, Saraï et Hagar renvoie indéniablement à celle de Adam, ’Hava et l’Arbre défendu.


Ces deux histoires sont connectées.
Comment comprendre le rapport entre ces deux passages ?

Comprendre les parallèles


Toute l’histoire d’Avram porte sur la question de savoir qui sera sa descendance. Il est vieux, il a 75 ans, et Hachem lui dit qu’il aura une grande descendance. Comment est-ce possible ?

Avram entrevoit une possibilité : Loth. Hachem ne lui a pas dit qu’il aurait une descendance biologique. Tout passerait par Loth, et Hachem lui aurait parlé de descendance au sens imagé.
Mais Loth s’en va et se dirige vers Sedom.
Il y a ensuite la guerre entre les 4 rois et les 5 rois. Avram délivre et récupère Loth : « Ouf ! ‘Baroukh Hachem’ ! Ma descendance est revenue », doit se dire Avram. Mais Loth part définitivement à Sedom « וַיֹּאמֶר מֶלֶךְ-סְדֹם, אֶל-אַבְרָם: תֶּן-לִי הַנֶּפֶשׁ, וְהָרְכֻשׁ קַח-לָךְ. » - « Le roi de Sodome dit à Abram: "Donne-moi les personnes, et les biens garde-les pour toi. » (Béréchit 14, 21). Et sa « descendance » est définitivement perdue.
C’est immédiatement après cette histoire de guerre qu’Avram se tourne vers Hachem et lui dit « Loth est parti, et je n’ai pas d’enfant. Serait-ce Eli’ézer qui prendra ma suite ?! »
Mais Hachem ne répond pas. Pourquoi ? Peut-être qu’Il ne veut pas lui répondre maintenant. Peut-être que ce n’est pas le bon moment pour le faire. Pourquoi cette réticence ?  A cause de ce qui va suivre…
Avram insiste. Il veut une réponse maintenant, alors il repose la question. Alors Hachem lui annonce qu’il aura une descendance biologique, ce qui n’avait pas le moins du monde effleuré l’esprit d’Avram, et pour cause…
Avram va immédiatement annoncer cette nouvelle à Saraï. Mais cette nouvelle, qui avait quelque chose de secret, présente un caractère dangereux – et c’est pour cela que D.ieu aurait voulu attendre avant de l’annoncer. Il suffit pour s’en convaincre de relire la suite de l’histoire…

Nous avons vu plus haut qu’à la fois Adam et Avram ont eu une expérience de « sommeil profond » - « תַּרְדֵּמָה ». Dans le cas d’Adam, elle arrive dans le contexte suivant. Hachem fait deux bénédictions à l’Homme : il règnera en maître sur la Terre, et il aura plein d’enfants : (Béréchit 1:28) : «  וַיְבָרֶךְ אֹתָם אֱלֹקִים, וַיֹּאמֶר לָהֶם אֱלֹקִים פְּרוּ וּרְבוּ וּמִלְאוּ אֶת-הָאָרֶץ, וְכִבְשֻׁהָ » - « Dieu les bénit en leur disant "Croissez et multipliez ! Remplissez la terre et soumettez-la! Commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux qui se meuvent sur la terre!" ».

Problème : Adam ne sait pas avec qui il aura ces enfants. Que fait Hachem ? Il lui présente un à un les animaux et Adam, frustré, les rejette tous. Et ce n’est qu’une fois qu’Adam a rejeté toutes les propositions de D.ieu que celui-ci plonge Adam dans un profond sommeil, « תַּרְדֵּמָה », lui retire une côte et crée ’Hava.

Qui Adam voit-il à son réveil ? ’Hava. Il a tout de suite su que c’était sa moitié, la femme avec qui il aurait ses enfants.

Appliquons cela au cas d’Avram.
Hachem promet à Avram une descendance biologique, mais celui-ci ne sait pas avec qui il aura cette descendance. Alors Hachem plonge Avram dans un profond sommeil, « תַּרְדֵּמָה ». A son réveil, il est censé, tout comme Adam, voir sa moitié, la femme avec qui il aura les enfants promis par Hachem. Et qui voit-il à son réveil ? Saraï ! En effet, le premier mot de la Torah qui suit l’épisode du sommeil d’Avram est (Béréchit 16:1) : « וְשָׂרַי אֵשֶׁת אַבְרָם » - « Saraï, épouse d'Avram »[1] ! Alors Avram comprend le message : « C’est avec cette femme, bien âgée, que tu auras ta descendance.» Saraï vient d’être révélée comme étant une nouvelle ’Hava !
Le problème est qu’Avram a dévoilé à Saraï la nouvelle qu’il aurait du garder secrète, cette nouvelle qui peut être comme de la dynamite. Car comment Saraï réagit?
Eh bien elle pense : « Tu as eu une promesse, pas moi ». Elle lui propose alors Hagar, le « fruit défendu ». Saraï, en quelque sorte, a une telle envie d’enfant, qu’elle n’y voit plus très clair. C’est ce désir d’enfant qui la pousse à proposer Hagar à Avram. Exactement comme le fruit de l’arbre de la Connaissance. Hagar est le fruit de l’arbre de la Connaissance en quelque sorte… C’est d’ailleurs tout le propos de l’arbre de la connaissance – mais c’est un autre sujet[2] – qui représente le pouvoir créateur de l’Homme. Et le désir pour ce fruit est tel que la vision de chacun est brouillée.
Bref, de même que l’épisode du fruit défendu tourne autour des notions de pouvoir créateur de l’Homme – et donc sa capacité à donner la vie – et de vision troublée par un désir trop grand, l’objet de l’histoire que l’on traite est la capacité à donner la vie et l’erreur de précipitation d’Avram, et surtout de Saraï, face à leur désir non maitrisé.
Et c’est ce qui fait que personne dans l’histoire n’est capable d’avoir une vision claire et objective de la situation. Il est d’ailleurs frappant de noter à quel point la notion de vision est présente dans notre histoire d’Avram, Saraï et Hagar dans Béréchit 16 (traduction en Annexe):
ד וַיָּבֹא אֶל-הָגָר, וַתַּהַר; וַתֵּרֶא כִּי הָרָתָה, וַתֵּקַל גְּבִרְתָּהּ בְּעֵינֶיהָ. ה וַתֹּאמֶר שָׂרַי אֶל-אַבְרָם, חֲמָסִי עָלֶיךָ--אָנֹכִי נָתַתִּי שִׁפְחָתִי בְּחֵיקֶךָ, וַתֵּרֶא כִּי הָרָתָה וָאֵקַל בְּעֵינֶיהָ; יִשְׁפֹּט ה׳, בֵּינִי וּבֵינֶיךָ. ו וַיֹּאמֶר אַבְרָם אֶל-שָׂרַי, הִנֵּה שִׁפְחָתֵךְ בְּיָדֵךְ--עֲשִׂי-לָהּ, הַטּוֹב בְּעֵינָיִךְ; וַתְּעַנֶּהָ שָׂרַי, וַתִּבְרַח מִפָּנֶיהָ. ז וַיִּמְצָאָהּ מַלְאַךְ ה׳, עַל-עֵין הַמַּיִם--בַּמִּדְבָּר: עַל-הָעַיִן, בְּדֶרֶךְ שׁוּר.

Lorsque Saraï opprime Hagar, le terme employé est « וַתְּעַנֶּהָ » dont la racine ressemble étrangement à … « עין », « œil ».
Et pour parler de source, la Torah emploie le terme « עין » qui veut généralement dire : « œil ».  Nous nous arrêtons là pour les exemples, mais si vous cherchez, vous en trouverez d’autres.

De même, comme on pourrait l’imaginer, la notion de vision est également très récurrente dans l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden[3].
Ainsi, ici, comme dans l’histoire du fruit défendu, la vision de chacun est corrompue. En effet, Saraï croit que c’est Hagar qui va lui donner sa descendance, Hagar croit devenir libre en tombant enceinte de Avram alors que ce n’était pas du tout l’objectif de Saraï, Avram écoute Saraï et prend Hagar alors que c’était avec Saraï qu’il devait avoir des enfants…

Zoom sur Hagar


Hagar, une fois enceinte, ne sait pas comment se situer : épouse ? Servante ? Sa position est confuse. Elle s’enfuit et l’ange la voit dans cette situation. Et c’est précisément sur cette situation confuse que porte la question de l’ange « D’où viens-tu ? Et où vas-tu ? ». Il lui pose en fait la question : « Au fond, qui es-tu ? Es-tu une servante ou une épouse ? Libre ou esclave ? ».

Quelle différence fondamentale y a-t-il entre une personne libre et un esclave ?
Une personne libre travaille, un esclave travaille aussi. Ce qui va les différencier, c’est la motivation. Une personne libre travaille pour un but qu’elle se fixe, quelque soit la valeur de celui-ci. Un esclave ne travaille dans aucun but. La seule chose qui le pousse à travailler est le fouet qu’il a dans le dos. C’est d’ailleurs pourquoi le mot pour oppression : « עינוי » est la forme פִּעֵל – donc intensive – de la racine « ענה », qui veut dire « répondre ». Un esclave est une machine à répondre, il doit être toujours présent et obéir à son maître.

A la question de l’ange, Hagar ne peut répondre que d’où elle vient. Où elle va ? Elle n’en a aucune idée, elle n’est pas habituée à connaître la finalité de ce qu’elle fait, elle a toujours été esclave, sans but dans ses actions. Elle sait seulement qu’elle s’échappe de chez Saraï. « Dans cette condition, si tu ne sais pas où aller, lui dit l’ange, tu ne peux pas rester au milieu du désert, tu n’as d’autre choix que de retourner d’où tu viens, même si c’est pour y souffrir ». 
Mais Hagar n’y va pas.
« Tu auras beaucoup d’enfants », lui dit-il alors.
Elle n’y va toujours pas.
« Tu auras un enfant. Et son nom sera Yshmaël. Il sera un sauvage, contre tous, et tous contre lui, en conflit constant », lui dit-il enfin.
Ce n’est pas la plus belle bénédiction que nous ayons vue dans la Torah et pourtant, Hagar dit « Ok, j’accepte » et ce n’est que cette promesse qui la fait retourner chez Avram et Saraï.
Qu’a-t-elle vu dans cette dernière parole qui lui a tellement plu ?!

Que voulait Hagar ? Etre libre. Elle se trouvait là dans un ‘no man’s land’, ni esclave, ni libre. Elle a eu une promotion gigantesque, elle est devenue épouse avant l’heure, alors qu’elle n’y était pas réellement préparée, elle était intéressée par être libre, mais ne pouvait pas encore l’être.
L’ange lui dit en quelques sortes : « si toi, tu ne peux pas être libre, ton fils le sera ; personne ne lui dira quoi faire, il n’acceptera aucune sorte de soumission, il sera complètement déchaîné, comme un animal sauvage. Ton fils vivra pour ce rêve que tu ne peux pas réaliser ». Alors elle dit « Ok, ça me va ».

En effet, Hagar a une certaine vision de la liberté ; celle de l’esclave. Car si une personne libre voit la liberté comme une opportunité pour atteindre un but, un esclave voit la liberté comme l’absence du fouet dans le dos, « je peux faire ce que je veux », ce qui est en fait une vision complètement infantile de la liberté. C’est la vision de la liberté qu’ont les enfants lorsque les parents sortent et les laissent seuls à la maison – ils sont contents, ils n’ont plus personne sur le dos, ile se sentent libres.
Voilà pourquoi cette promesse de l’ange parle à Hagar. Et c’est dans ce contexte que naît Yshmaël…

Un lien avec la prophétie d’Avram ?


Lisez attentivement cette prophétie qu’a Avram dans Béréchit15 (v.13):
יג וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם--אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה.
13 D.ieu dit à Abram: "Sache-le bien, ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans.

Quelle est cette « terre étrangère » où les descendants d’Avram seront opprimés ? Eh bien, c’est l’Egypte.

L’Egypte… Tiens, tiens…
Et qui rencontre-t-on quelques versets à peine après cette prophétie (tout début du chapitre 16) ?
On nous présente la servante de Saraï comme venant…d’Egypte. Et comment s’appelle-t-elle ?
Elle s’appelle Hagar – qui s’écrit comme le mot HaGuer – l’étranger…

Bref, nous rencontrons une servante égyptienne, qui s’appelle הגר – Hagar et qui est opprimée par sa maîtresse.
Hagar est devenue étrangère, elle n’avait plus de place dans cette maison, ni servante, ni épouse. Et c’est en quelques sortes que les descendants d’Avram ont vécu en Egypte[4].

Et les Palestiniens dans tout ça ? 


Les Palestiniens se voient comme les descendants d’Yshmaël. Historiquement, ils ne le sont probablement pas, mais eux se voient comme tel, et cela change tout. Car fondamentalement, ils veulent mettre fin au dommage collatéral subi par Hagar. La vocation, la raison d’être d’Yshmaël, c’est la recherche de liberté telle que l’esclave la conçoit – i.e. le combat contre la soumission, contre la domination, contre l’oppression.

Pour un descendant d’Yshmaël, ce qui est toxique, c’est la notion de « עינוי ». « Je n’ai peut-être aucun objectif, peu m’importe », Les enfants d’Hagar, tout comme leur mère, ne sont pas préoccupés par un objectif. « Je ne veux pas être dominé », disent-ils ; ce qui les préoccupe, c’est la soumission.

Un de mes amis qui travaille dans un corps diplomatique a rencontré une fois Arafat quand il était encore en vie. Il la vu au cours des pourparlers de Camp David, en 1999, et il lui a demandé : « Qu’est ce que vous voulez exactement, qu’est ce que vous recherchez au juste, de plus que ce qui vous est proposé ? Regardez, bientôt vous pourrez construire vos infrastructures, vos écoles etc . Finalement, cela ne vous suffit-il pas ? », et Arafat lui a répondu : « Non… Je me bats pour la liberté », la seule chose qui importait, était de se battre pour la liberté. C’est exactement au moment où Ehoud Barak était prêt à tout rendre en 1999, à partager Jérusalem, à rendre 99% de la Cisjordanie et négocier le reste, qu‘Arafat sabote le sommet et que la deuxième Intifada commence. Pourquoi ? Parce que leur problème n’est pas la division administrative du pays, ce n’est pas une histoire d’objectifs et d’opportunités. Leur problème est : « nous ne voulons pas être dominés ».
Donc ils vivent dans le « but » de se défaire de la soumission. Et paradoxalement, ils ont besoin d’une soumission pour pouvoir justifier le fait qu’ils se battent et  se révoltent pour s’en défaire ; parce que sinon, quelle sera leur raison de vivre ?

C’est très dur d’avoir à faire à un ennemi de la sorte, qui voit la soumission partout.
Ils envoient des bombes terroristes pour se défaire de la « soumission ». En conséquence, nous mettons des points de sécurité dans tout le pays pour nous protéger. Et comment voient-ils cela ? Comme une soumission et une occupation illégitime.
Comment faire avec un peuple qui défend cet héritage ?

La seule solution que je vois – ce n’est peut-être qu’un rêve fou – est de discuter avec eux de l’origine de l’histoire. Sans vouloir résoudre les problèmes, au lieu de dire « ça fait trop longtemps que ça dure », il faut chercher plutôt à comprendre d’où ils viennent. Avec ce genre de conversation, il semble que le problème ne peut pas être résolu. Les querelles familiales ne meurent pas, elles ne peuvent que s’envenimer pour cent ans, pour mille ans, si elles ne sont pas travaillées à la source.
Voilà ma vision pessimiste, ou optimiste du conflit israélo-palestinien. .

Annexe

Béréchit - 16

א וְשָׂרַי אֵשֶׁת אַבְרָם, לֹא יָלְדָה לוֹ; וְלָהּ שִׁפְחָה מִצְרִית, וּשְׁמָהּ הָגָר.
1 Saraï, épouse d'Abram, ne lui avait pas donné d'enfant. Elle avait une esclave égyptienne nommée Agar.
ב וַתֹּאמֶר שָׂרַי אֶל-אַבְרָם, הִנֵּה-נָא עֲצָרַנִי ה׳ מִלֶּדֶת--בֹּא-נָא אֶל-שִׁפְחָתִי, אוּלַי אִבָּנֶה מִמֶּנָּה; וַיִּשְׁמַע אַבְרָם, לְקוֹל שָׂרָי.
2 Saraï dit à Abram: "Hélas! l'Éternel m'a refusé l'enfantement; approche-toi donc de mon esclave: peut-être, par elle, aurai-je un enfant." Abram obéit à la voix de Saraï.
ג וַתִּקַּח שָׂרַי אֵשֶׁת-אַבְרָם, אֶת-הָגָר הַמִּצְרִית שִׁפְחָתָהּ, מִקֵּץ עֶשֶׂר שָׁנִים, לְשֶׁבֶת אַבְרָם בְּאֶרֶץ כְּנָעַן; וַתִּתֵּן אֹתָהּ לְאַבְרָם אִישָׁהּ, לוֹ לְאִשָּׁה.
3 Saraï, épouse d'Abram, prit Agar l'Egyptienne, son esclave, il y avait dix ans qu’Abram demeurait au pays de Canaan; et elle la donna à son époux Abram pour qu'elle lui servît de femme.
ד וַיָּבֹא אֶל-הָגָר, וַתַּהַר; וַתֵּרֶא כִּי הָרָתָה, וַתֵּקַל גְּבִרְתָּהּ בְּעֵינֶיהָ.
4 Il s'approcha d'Agar, et elle conçut. Quand elle vit qu'elle avait conçu, sa maîtresse devint l'objet de son dédain.
ה וַתֹּאמֶר שָׂרַי אֶל-אַבְרָם, חֲמָסִי עָלֶיךָ--אָנֹכִי נָתַתִּי שִׁפְחָתִי בְּחֵיקֶךָ, וַתֵּרֶא כִּי הָרָתָה וָאֵקַל בְּעֵינֶיהָ; יִשְׁפֹּט ה׳, בֵּינִי וּבֵינֶיךָ.
5 Saraï dit à Abram : "Mon injure est la tienne. Moi-même, j'ai placé mon esclave dans tes bras; or, elle a vu qu'elle avait conçu, et je suis devenue méprisable à ses yeux. L’Éternel prononcera entre moi et toi."
ו וַיֹּאמֶר אַבְרָם אֶל-שָׂרַי, הִנֵּה שִׁפְחָתֵךְ בְּיָדֵךְ--עֲשִׂי-לָהּ, הַטּוֹב בְּעֵינָיִךְ; וַתְּעַנֶּהָ שָׂרַי, וַתִּבְרַח מִפָּנֶיהָ.
6 Abram dit à Sarai: "Voici, ton esclave est dans ta main, fais-lui ce que bon te semble." Sarai l’humilia, et elle s’enfuit de devant elle.
ז וַיִּמְצָאָהּ מַלְאַךְ ה׳, עַל-עֵין הַמַּיִם--בַּמִּדְבָּר: עַל-הָעַיִן, בְּדֶרֶךְ שׁוּר.
7 Un envoyé du Seigneur la trouva près d'une source d'eau, dans le désert, près de la source sur le chemin de Chour.
ח וַיֹּאמַר, הָגָר שִׁפְחַת שָׂרַי אֵי-מִזֶּה בָאת--וְאָנָה תֵלֵכִי; וַתֹּאמֶר--מִפְּנֵי שָׂרַי גְּבִרְתִּי, אָנֹכִי בֹּרַחַת.
8 Il dit: "Agar, esclave de Saraï, d'où viens tu, et où veux-tu aller?" Elle répondit: "Je fuis de devant Saraï, ma maîtresse."
ט וַיֹּאמֶר לָהּ מַלְאַךְ ה׳, שׁוּבִי אֶל-גְּבִרְתֵּךְ, וְהִתְעַנִּי, תַּחַת יָדֶיהָ.
9 L'envoyé du Seigneur lui dit: "Retourne chez ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main."
י וַיֹּאמֶר לָהּ מַלְאַךְ ה׳, הַרְבָּה אַרְבֶּה אֶת-זַרְעֵךְ, וְלֹא יִסָּפֵר, מֵרֹב.
10 L'envoyé du Seigneur ajouta: "Je rendrai ta race très nombreuse, tellement qu'elle ne pourra être comptée."
יא וַיֹּאמֶר לָהּ מַלְאַךְ ה׳, הִנָּךְ הָרָה וְיֹלַדְתְּ בֵּן, וְקָרָאת שְׁמוֹ יִשְׁמָעֵאל, כִּי-שָׁמַע ה׳ אֶל-עָנְיֵךְ.
11 L'envoyé du Seigneur lui dit encore: "Te voici enceinte, et près d'enfanter un fils; tu énonceras son nom Ismaël, parce que D.ieu a entendu ton affliction.
יב וְהוּא יִהְיֶה, פֶּרֶא אָדָם--יָדוֹ בַכֹּל, וְיַד כֹּל בּוֹ; וְעַל-פְּנֵי כָל-אֶחָיו, יִשְׁכֹּן.
12 Celui-ci sera un onagre parmi les hommes: sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui; mais il se maintiendra à la face de tous ses frères."
יג וַתִּקְרָא שֵׁם-ה׳ הַדֹּבֵר אֵלֶיהָ, אַתָּה אֵ-ל רֳאִי: כִּי אָמְרָה, הֲגַם הֲלֹם רָאִיתִי--אַחֲרֵי רֹאִי.
13 Et elle proclama ainsi le nom de l'Éternel qui lui avait parlé: "Tu es un D.ieu visible!
יד עַל-כֵּן קָרָא לַבְּאֵר, בְּאֵר לַחַי רֹאִי--הִנֵּה בֵין-קָדֵשׁ, וּבֵין בָּרֶד.
14 C'est pourquoi on appela cette source "la source du Vivant-qui-me-voit"; elle se trouve entre Cadès et Béred.
טו וַתֵּלֶד הָגָר לְאַבְרָם, בֵּן; וַיִּקְרָא אַבְרָם שֶׁם-בְּנוֹ אֲשֶׁר-יָלְדָה הָגָר, יִשְׁמָעֵאל.
15 Agar enfanta un fils à Abram; et Abram nomma son fils, qu'avait enfanté Agar, Ismaël.
טז וְאַבְרָם, בֶּן-שְׁמֹנִים שָׁנָה וְשֵׁשׁ שָׁנִים, בְּלֶדֶת-הָגָר אֶת-יִשְׁמָעֵאל, לְאַבְרָם. {ס}
16 Abram était âgé de quatre-vingt-six-ans, lorsque Agar lui enfanta Ismaël.




[1] NdT. D’ailleurs quel est l’intérêt de présenter Saraï comme étant l’épouse d’Avram si ce n’est pour nous préciser que c’est bien elle qui jouera le rôle de mère des enfants de ce dernier ?
[2] Pour plus de détail, voir Adam et Eve, Rav David Fohrman, édition Calligraphy.
[3] Notons que le fils de Hagar s’appellera « ישמעאל », qui fait référence à l’ouïe, sens moins fort que la vue. Comme si l’ange disait « je n’ai pas vu ta souffrance, je l’ai seulement entendue »…
[4] NdT. Sans vouloir être trop simpliste, peut-être Rav Fohrman veut-il suggérer un «  כנגד מדה מדה » ? Le Ramban sur le Béréchit 16:6 appuie en tout cas ce propos.



Traduit et retranscrit librement par Itala.
Pour ceux qui comprennent l’anglais, le cours audio (et même en vidéo) se trouve sous :

4 commentaires:

  1. Un seul mot : excellent (comme d'habitude avec le Rav Forhman)

    Merci à Nathy pour nous faire partager ces textes.

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  2. Bravo encore à Naty et son épouse pour l'excellente initiative et le travail remarquable que vous effectuez pour la diffusion des cours du Rav Fohrman. Vous etes en train de combler un manque qui existait dans l'étude des textes du tanakh car sa methode d'analyse est vraiment un plus pour les lecteurs français.

    Merci encore et kol hakavod!

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  3. EUhhh vous oubliez juste que HAGER, signifie "la migrante, la déplacée" et qu'elle était tout sauf une esclave mais plutot une princesse d'Egypte avec des milliers de servants à gauche et à droite. Sarai etait elle aussi, une "migrante et une deplacée" en Egypte, quasi "prisonnière" de ce pharaon qui la convoitait. Pharaon ne put s'approcher d'elle, car elle etait très sainte. Hager a suivi delibérement Sarai car elle ne voulait plus etre "esclave du monde materiel d'egypte" et voulait certainement apprendre auprès de sarah et s'elever à son niveau. Cependant quand elle a eu un enfant, elle a cru etre parvenue au sommet et son côté orgueilleux, a du prendre le dessus. Sarah aussi cede à son orgueil en reprimant avraham et à la colère aussi...c'est ce qui la fait peut etre fauter. chaque brèche de sarah est un mauvais exemple pour hager c'est evident. Mais sarah depasse son ego en "donnant" hager à sa place car elle pense à la postérité commune , au bien de tous....cependant, Hager a du s'appropier son fils et sarah voyant qu'il evoluait mal, que c'était peine perdue, a du se rendre à l'evidence....mais ne vous meprenez pas avec "a toujours été esclave etc..non, je crois au contraire qu'elle avait une grande conscience de ce qu'elle avait quitté et assez d'honneur pour ne pas y retourner, c'est pourquoi on l'apelle à la fin "KETOURA"...ce qui n'est pas rien: la COURONNE ou couronnée .....Elle est née princesse, puis s'aperçoit que son titre de princesse n'est rien car D. lui amène SARAH, alors elle veut devenir elle aussi "princesse auprès de D;" mais les manquements des uns et des autres font echec. C'est pour cela que D. la prend en pitié dans le desert...il sait bien qu'elle a eu une demarche très honorable. Cependant quand l'ange lui demande d'où viens tu et où veux tu aller...en gros, elle est pommée. Elle ne peut dire "je viens d'egypte", ni "je veux devenir ceci ou cela" car elle doute, ne sait sans doute plus quelle est sa place....enfin bref...bravo pour le reste mais ne pas oublier que hégire, hijra, hajir en arabe ça a aussi un sens et c'est lié à l'islam: hégire de mahomet, calendrier lunaire des musulman "de l'hegire". et sarah et avraham eux même qui passent leur temps à voyager, à se deplacer...bref, des miroirs inversés l'une de l'autre avec evidence et non haut bas comme vous le dites...et donc complementaires.

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  4. moi, ma question ce serait plutôt, qu'est ce qui a poussé Sarah à prendre Hager avec elle ? de plus, Pharaon les laisse partir elle et abraham avec des trésors....alors pourquoi prendre avec eux celle qu'on apelle Hager et hager n'est certainement pas son nom de princesse d'Egypte mais un surnom comme cela se pratiquait beaucoup à l'epoque...surnom quelque peu dévalorisant quand on sait son ancien statut...pourquoi cacher son nom ?

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