dimanche 4 décembre 2011

Yona - Un prophète en cavale

Chaque année, à Yom Kippour, nous lisons la fameuse Haftara de Yona à Min'ha. Et chaque année, on se demande pourquoi... Et surtout, on reste sur notre "faim"... Et chaque année, on est fatigué à l'heure de Min'ha, alors on laisse passer et on oublie...
Mais enfin, quelle idée nos sages ont-ils eue de nous faire lire le livre de Yona à Kippour? Quelle leçon est-il censé nous donner en ce jour particulier? Et, surtout, comment comprendre le comportement de Yona et la morale que Hachem lui fait avec le Kikayone?
Alors, si vous voulez sortir de cette spirale infernale et enfin comprendre la profondeur que cache le livre de Yona, et en particulier le jour de Yom Kippour, alors ce cours est fait pour vous!

1. Introduction

Le Sefer Yona – Livre de Jonas – est un livre déroutant à plusieurs égards. Nous lisons ce livre chaque année le jour de Yom Kippour – jour où chaque Juif doit faire une profonde introspection. Nos sages ont décidé que le texte le plus approprié pour la circonstance serait le livre de Yona. On imagine donc que ce texte est censé inspirer son lecteur, lui donnant des éléments clés pour vivre intensément son Yom Kippour.

Pourtant le livre de Yona donne l’impression de se terminer abruptement, sur une question laissée sans réponse ; comme si le texte avait été coupé, laissant le lecteur frustré…

Quel est le message, la leçon que le livre de Yona nous donne ?

Ceci est d’autant plus troublant que le livre de Yona est supposé nous éclairer au sujet de la Téchouva – thème central de Yom Kippour.

Or, savez-vous qui fait Téchouva dans ce livre ?

Il s’agit de Ninvé, la capitale d’Assyrie – Achour. Pour ceux qui ne le savent pas, Achour est un royaume qui n’est pas considéré comme « bon » dans le Tanakh. Il s’agit d’un peuple qui a été mauvais pour le peuple Juif, allant jusqu’à l’exiler et conquérir Jérusalem!

Donc, le jour de Kippour, on raconte l’histoire d’un peuple non-Juif, ennemi d’Israël, qui fait Téchouva. Etrange choix qu’ont fait nos sages… Le Tanakh foisonne de textes qui auraient pu être choisis pour l’occasion. Un passage de Yecha’yahou, de Yrmiyahou ou de Hochéa’ aurait parfaitement fait l’affaire.

Pourquoi nos sages ont-ils choisi le texte de Yona pour Yom Kippour ?

C’est à ces deux questions – Quel message le texte de Yona véhicule-t-il ? / Pourquoi le lit-on à Yom Kippour – que nous allons essayer d’apporter une réponse claire dans cet exposé.

2. Question d’ordre


Il y a une question classique, que vous avez déjà dû entendre à plusieurs reprises. C’est une question qui n’a a priori aucun lien avec le livre de Yona. C’est une question au sujet de Roch Hachana et de Yom Kippour – dont l’ordre n’a pas l’air cohérent. Réfléchissons à la thématique de chacun de ces deux grands jours.

Déjà, pourquoi a-t-on besoin de deux jours ? A quoi sert, spécifiquement, chacun de ces deux jours ?

A Roch Hachana, les gens s’habillent en blanc, se repentent ; c’est le jour du Jugement. A Kippour, on refait à peu près la même chose. Quelle est la différence entre ces deux jours ?

Bien entendu, Roch Hachana et Yom Kippour sont bien différents. Ils n’ont pas le même rôle. 

Yom Kippour est le jour dédié à la Téchouva – Repentance et Pardon. Ceci est particulier à Yom Kippour. Il s’agit de thèmes qui ne se retrouvent pas dans les prières de Roch Hachana. Les seuls textes faisant mention de Téchouva le jour de Roch Hachana ne sont pas spécifiques à ce jour mais qui sont récités pendant les 10 jours de pénitence (Avinou Malkénou par exemple).

Roch Hachana est un jour de Din – Jugement ; un jour d’acceptation de Hachem comme Roi, comme un Roi de Justice, un Roi qui fait passer chacun de ses sujets devant Lui et les juge. Le Ma’hzor de Roch Hachana est plein de textes appuyant ce propos.

La question est la suivante : Qu’est-il plus logique de mettre en premier : Roch Hachana ou Yom Kippour ?

Imaginons le ministère de la sécurité routière qui convoque ses conseillés afin de mettre en place deux grands jours du stationnement automobile. L’un serait dédié au jugement – comptabilisation et paiement des contraventions – et l’autre, à l’amnistie – effacement de toutes les contraventions passées non encore payées.
Si l’objectif du ministère était d’accroitre ses revenus, alors il instaurerait le jour du jugement en premier. Mais quel serait alors l’intérêt d’une amnistie quelques jours plus tard ?
Logiquement, le ministère devrait instituer d’abord l’amnistie. Puis il laisserait 10 jours aux conducteurs pour se racheter et prouver qu’ils (se) conduisent bien. Passée cette phase de mise à l’épreuve, le jugement prendrait son sens également.

Pourquoi Hachem n’a-t-il pas suivi cette logique ?
Pourquoi avoir placé l’Amnistie de Yom Kippour quelques jours seulement après le Jugement de Roch Hachana ?

Peut-être que le livre de Yona nous éclairera à ce sujet…

3. Questions qui rendent insomniaque


Il est des questions qui vous empêchent de dormir.

Toute théorie a ses coins d’ombre, ses petites failles, ses petites questions restées irrésolues. La Mécanique Quantique et la Relativité sont toutes deux des théories fondamentales de la Physique. Et pourtant, ceux deux théories, aussi grandes et acceptées par le monde scientifique soient-elles, ne sont pas compatibles. Ce n’est pas pour autant qu’elles sont rejetées : un jour on arrivera à les réconcilier.

Mais certaines théories soulèvent des questions tellement profondes, basiques, qu’elles en sont intégralement remises en cause.

On ne parle pas ici de questions du type : « Pourquoi la Torah a-t-elle inclus un mot supplémentaire dans un verset ? » ou « Pourquoi Rachi a-t-il cité un Midrash plutôt qu’un autre ? ». Ce sont des « petites » questions. Certes, ce sont des questions intéressantes, mais si vous n’en connaissez pas les réponses, cela ne vous empêchera pas de dormir. Par contre, il y a des questions, internes au texte même, fondamentales. Ces questions sont tellement troublantes que tant que vous n’avez pas trouvé comment en finir avec elles, vous ne pouvez pas prétendre avoir la plus petite compréhension de l’histoire que vous êtes en train de lire. [1]

Ce genre de question vous empêche de dormir tant que vous n’y avez pas apporté de réponse satisfaisante…

Existe-t-il des questions de cette ampleur auxquelles nous devons faire face dans l’histoire de Yona ? La réponse est oui, comme nous allons le voir.

     Pourquoi Yona se met-il à fuir ?


Regardons le tout début du livre, les 2-3 premiers versets (texte complet en Annexe).

Hachem demande à Yona d’aller à Ninvé pour prophétiser et demander à son peuple de faire Téchouva. Yona se met à fuir vert Tarchich.

Yona n’est pas une personne ordinaire, c’est un prophète. Il a donc une connaissance assez profonde de Hachem pour comprendre qu’il ne peut pas gagner face à Lui. Nous ne sommes d’ailleurs pas surpris que Hachem le rattrape juste après. Alors pourquoi Yona s’est-il mis à courir ?

Surtout, quelle est sa motivation ? Le texte nous dit qu’il fuit, sans en donner la raison. Pourquoi Yona, en tant que prophète, n’écoute-t-il pas la parole de Hachem ?

     Quelle est la leçon du Kikayone pour Yona?


Regardons la toute fin du livre. Il s’agit d’une rencontre entre Hachem et Yona. Yona est très énervé car Ninvé est sauvée. Apparemment, Hachem souhaite lui donner une leçon à travers une analogie complexe, afin de lui expliquer Sa pensée. C’est l’histoire du Kikayone[2] (Yona 4: 4-11 - texte complet en Annexe).
L’histoire du Kikayone clôt le livre de Yona. Elle est juste précédée par la colère de Yona et sa volonté de mourir suite à la repentance – agréée par Hachem – de Ninvé.

En résumé, Hachem reproche à Yona de s’être affligé. Yona sort de la ville, se construit une cabane et siège sous l’ombre qu’ll’ produit. Hachem fait pousser un Kikayone pour lui faire de l’ombre – ce qui réjouit grandement Yona. Mais le lendemain, Hachem met un vers dans le Kikayone. Le Kikayone s’en trouve alors desséché. Le soleil se lève et frappe Yona de chaleur. Yona demande à mourir et Dieu donne alors cette leçon à Yona : « Toi, Yona, tu as du souci à cause d’un arbre pour lequel tu n’as rien eu à faire, qui est apparu et a disparu en une journée et Moi, Hachem, je ne vais pas me faire du souci pour une grande ville comme Ninvé ? »

Point final. Le livre de Yona se termine sur ce raisonnement a fortiori.

Ne trouvez-vous pas qu’il manque quelque chose, que l’histoire n’est pas finie ? Pourquoi Yona reste-t-il sans réponse ?

Si vous étiez Yona, qu’auriez-vous répondu ? Probablement que ce Kikayone n’a rien à voir avec une quelconque compassion. J’avais chaud, j’étais content d’avoir cet arbre pour me faire de l’ombre ; et maintenant, j’ai chaud de nouveau et je suis énervé. Qu’est-ce-que cette histoire de Kikayone a à faire avec de la compassion que j’ai ou n’ai pas eue ?

Ou bien, peut-être auriez-vous été convaincu par la démonstration de Hachem… Comme d’ailleurs Yona l’a probablement été puisqu’il n’a rien répondu. C’est ce que nous allons tâcher de comprendre.

     Mettre à l’épreuve toute théorie


Ces deux questions basiques, fondamentales, que nous avons soulevées – Pourquoi Yona est-il en fuite ? / Quelle est la leçon du Kikayone pour Yona ? – prennent encore plus de puissance lorsqu’elles sont juxtaposées.

En effet, quelque soit la théorie que nous prendrions pour répondre au pourquoi de la fuite de Yona, cette théorie devra être soutenue tout au long du livre de Yona et, en particulier, à la fin de ce livre où l’histoire du Kikayone est censée nous éclairer sur l’erreur de Yona qui l’a poussé à fuir.

Ainsi sera notre test d’acceptation de toute théorie visant à comprendre l’historie de Yona : il faudra que cette théorie réponde aux deux questions fondamentales posées ci-dessus ; si elle ne répond qu’à une seule question, elle sera considérée comme incomplète et devra être rejetée. 
------
Selon certains, Yona s’est enfui car il ne voulait pas faire faire Téchouva à des non-Juifs qui, en plus de ne pas appartenir à sa nation, nuiraient quelques décennies plus tard au peuple Juif. Yona refuserait donc d’agir car cela irait contre l’intérêt des Juifs.
C’est une théorie très jolie. Mais elle se doit d’être valable tout au long du livre. Or, quelle leçon Hachem donne-t-il, selon cette théorie, à Yona ? De ne s’être fait du souci que pour le Kikayone et non pour les hommes ?! Mais Yona pourrait rétorquer (à juste titre) : ‘Mais pourquoi me reproches-Tu, Hachem, mon manque de compassion ? Au contraire, la raison pour laquelle j’ai fui ta demande d’aller à Ninvé était justement ma compassion pour mon peuple !’
------
Selon d’autres, y compris Rachi se basant sur le Midrash, Yona s’est enfui car il ne voulait pas faire faire Téchouva à des non-Juifs. Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’il allait réussir sa mission et s’il réussit sa mission alors l’accusation sera grande pour les Juifs qui, à l’époque, ne se comportaient pas bien vis-à-vis de Hachem malgré les nombreux rappels à l’ordre lancés par les prophètes Juifs. En d’autres termes, Yona ne voulait pas porter atteinte au peuple Juif. Comment alors reprocher à Yona son manque de compassion ? C’est justement sa compassion qui l’a amené à refuser cette mission au départ !
------
L’édition ArtSchroll sur Yona propose une autre théorie. L’histoire du Kikayone est une leçon pour Yona qui doit comprendre par là que les chemins de Hachem sont impénétrables. En quelques sortes, Hachem rappelle à Yona qu’il n’a pas à s’immiscer dans Ses décisions même s’il ne les comprend pas. Il lui demande d’aller à Ninvé, alors Yona doit y    aller, quoiqu’il en pense.
Cette théorie n’est pas vraiment cohérente avec le texte. En effet, Hachem met en place toute une analogie complexe afin justement de faire comprendre à Yona comment il agit ! S’Il voulait simplement lui rappeler qu’il ne peut pas comprendre Ses chemins, alors pourquoi mettre tout cela en place pour les lui expliquer ? [3]
------
On pourrait aussi proposer la théorie d’un Yona égoïste – c’est pour cela qu’il s’est enfui : il ne voulait pas aider les autres. Est-ce que cette image d’un Yona égoïste tient la route tout au long de l’histoire ? Il y a plusieurs indices qui vont à l’encontre de cette théorie. Par exemple l’histoire du bateau où il est d’accord de se laisser jeter à la mer pour sauver le reste de l’équipage. Ou bien lorsqu’il est tellement affligé qu’il souhaite sa mort – « טוֹב מוֹתִי מֵחַיָּי ». Ce ne sont pas des réactions de gens égoïstes…
------
Voyons encore une théorie qui a été proposée : Yona aurait refusé de partir faire sa prophétie car il ne voulait pas passer pour un faux prophète. En effet, Hachem lui demande de prévenir la ville de Ninvé qu’elle sera détruite quarante jours plus tard. Mais comme Yona pressent que la ville va faire Téchouva et qu’elle ne sera donc pas détruite, il craint que sa prophétie ne soit considérée par les gens comme une fausse prophétie.
Si cette théorie était vraie, alors Yona aurait pu trouver une solution très simple à son problème : il aurait dit : « Ninvé sera détruite dans quarante jours – si vous ne faites pas Téchouva ». Ainsi, tout le monde aurait été content, et le livre de Yona aurait été long de trois versets seulement puisque nul besoin alors de l’histoire du bateau, de la baleine, du Kikayone etc.
------

On en revient donc à nos deux questions basiques – Pourquoi Yona est-il en fuite ? / Quelle est la leçon du Kikayone pour Yona ? – qu’il va falloir résoudre.

Avant de poursuivre, nous allons soulever encore quelques questions sur le texte du livre de Yona ; questions qui, finalement, nous aiderons à répondre aux deux questions principales.

     Encore quelques questions dérangeantes


Question #1 :
Le thème du livre de Yona est, a priori,  la Téchouva. Mais qui fait Téchouva dans ce livre ? C’est la ville de Ninvé. Donc, qui sont les héros du livre ? Ninvé. Alors pourquoi le livre porte-t-il le nom de Yona ? Il aurait dû s’appeler Sefer Ninvé! Surtout que Yona n’a aucun mot de Téchouva dans sa bouche et ce, tout au long du livre. Même alors qu’il est dans la baleine et qu’il prie, il n’a pas de regret dans ces paroles. Il n’a jamais changé d’avis dans cette histoire. Car, même s’il accepte d’aller à Ninvé, est-ce pour autant une preuve qu’il a changé d’avis, qu’il a fait Téchouva ? Absolument pas. La preuve : Que dit Yona lorsqu’il apprend que Ninvé a fait Téchouva ? Il dit qu’il vaudrait mieux qu’il soit mort. Est-ce qu’il s’exprime comme une personne qui s’est repentie, qui a changé d’avis ? Non.

Le thème du livre de Yona n’a vraiment pas l’air d’être la Téchouva. Ceci est prouvé par le fait que la notion de Téchouva n’est pas redondante dans le livre de Yona et, surtout, est absente de la morale de l’histoire et de l’histoire du Kikayone.  De même, Hachem ne justifie pas sa clémence vis-à-vis de Ninvé par leur Téchouva.  L’argument a plutôt l’air de tenir de la taille de cette ville, du nombre d’âmes qui l’habitent, plus de cent-vingt milles hommes etc. (Yona 4:11 – dernier verset de Yona) : « וַאֲנִי לֹא אָחוּס, עַל-נִינְוֵה הָעִיר הַגְּדוֹלָה--אֲשֶׁר יֶשׁ-בָּהּ הַרְבֵּה מִשְׁתֵּים-עֶשְׂרֵה רִבּוֹ אָדָם ».

Mais le personnage principal de cette histoire est Yona, et c’est pour cela que l’on nomme ce livre à son nom. Alors, qu’est-ce que, dans la conduite de Yona, est-on censé apprendre ? Est-ce que le thème du livre de Yona est réellement la Téchouva ?


Question #2 :
Le comportement de Yona dans le bateau est pour le moins étrange. Tout d’abord, il est dans un bateau en prise avec une tempête. Tout le monde est sur le pont, essayant d’arranger la situation. Que fait Yona pendant ce temps là ? Il est au fond du bateau, seul, et il dort… Puis, tout le monde se met à prier son dieu. Tout le monde ? Non, seule une personne reste inactive : Yona. Puis, il se ‘dénonce’ et se laisse jeter dans une mer tumultueuse. Qu’essaye-t-il de faire en se jetant à l’eau ? Il ne sait pas qu’il va y avoir une baleine qui va le sauver – on le voit dans le texte : Yona en est surpris.

Donc, probablement, en se jetant à l’eau, Yona espérait mourir. En fait, il espérait encore pouvoir échapper à sa mission de réprimander Ninvé. Ce qui signifie, que, même en se jetant à la mer, Yona était encore en fuite…


Question #3 :
Yona donne la réponse, noir sur blanc, à la question principale que nous avons posée – Pourquoi Yona fuit-il ? – dans le chapitre 4, verset 2 :
ב וַיִּתְפַּלֵּל אֶל-ה’ וַיֹּאמַר, אָנָּה ה’ הֲלוֹא-זֶה דְבָרִי עַד-הֱיוֹתִי עַל-אַדְמָתִי--עַל-כֵּן קִדַּמְתִּי, לִבְרֹחַ תַּרְשִׁישָׁה: כִּי יָדַעְתִּי, כִּי אַתָּה אֵ-ל-חַנּוּן וְרַחוּם, אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב-חֶסֶד, וְנִחָם עַל-הָרָעָה.
2 Et il adressa à l'Eternel cette prière: "Hélas! Seigneur, n'est-ce pas là ce que je disais étant encore dans mon pays? Aussi m'étais-je empressé de fuir à Tarchich. Car je savais que tu es un D.ieu clément et miséricordieux, plein de longanimité et de bienveillance, prompt à revenir sur les menaces.

Ce que Yona dit est un texte que nous connaissons bien. Qui Yona paraphrase-t-il ?
La réponse se trouve dans la Torah, dans Sefer Chemot (Exode 34:6) :

ו וַיַּעֲבֹר ה’ עַל-פָּנָיו, וַיִּקְרָא, ה’ ה’, אֵ-ל רַחוּם וְחַנּוּן--אֶרֶךְ אַפַּיִם, וְרַב-חֶסֶד וֶאֱמֶת.
6 La Divinité passa devant lui et proclama: "A.D.O.NA.Ï est l’Être éternel, tout puissant, miséricordieux et clément, plein de longanimité et de bienveillance et d'équité;

Il s’agit des treize Attributs (י״ג מדות הרחמים) de Hachem. Dans Sefer Chemot, c’est Hachem qui les enseigne à Moché. Et maintenant, Yona reprend les mêmes termes.

Mais Yona ne paraphrase pas exactement les Attributs. Il introduit deux petites différences :
1)      L’ordre des deux mots « חַנּוּן » et « רַחוּם » est inversé
2)      Et surtout, le dernier mot du verset est changé. A l’origine, l’Attribut était « אֱמֶת ». Yona l’enlève et le remplace par un autre : « וְנִחָם עַל-הָרָעָה ».

Pourquoi Yona fait-il ces modifications dans les Attributs divins?


Question #4:
Yona se construit une cabane - Soucca afin de se mettre à l’ombre et d’observer la ville de Ninvé afin de voir ce qu’il va arriver à cette ville.

D’après vous, ou plutôt d’après le bon sens, qu’est-il arrivé en premier : la Téchouva de Ninvé ou la Soucca de Yona ?

Eh bien, regardez le texte (Yona 3:10 à 4 :5) et vous allez être surpris. Alors que Yona sait déjà que la ville de Ninvé a fait Téchouva et que cette Téchouva a été agréée par Hachem, il se met à construire une Soucca  en dehors de la ville afin d’observer si la ville de Ninvé va faire Téchouva !

Mais tout est fini. Que cherche Yona ? Pourquoi  se met-il à observer la ville pour voir s’ils vont faire Téchouva sachant qu’ils ont déjà fait Téchouva ? Qu’espère-t-il au juste ?

Voici une image qui va nous aider à comprendre cette réaction bizarre de Yona.  Lors d’un prestigieux tournoi de football, un match oppose une petite équipe amateur à une grosse équipe professionnelle. L’issue du match ne fait aucun doute. Et c’est ce qui arrive, les plus faibles perdent. Et pourtant, le supporter de la petite équipe – on le voit toujours sur les photos – reste sur les gradins comme si quelque chose pouvait encore se passer. Pourquoi ? Ca y est, l’arbitre a sifflé la fin du match, ce à quoi ce supporter s’attendait depuis des semaines – que son équipe allait perdre – est arrivé ; il ne reste plus qu’à rentrer à la maison et à penser au prochain match – de toutes les façons celui-là était perdu d’avance…  Alors pourquoi ce supporter reste-t-il assis dans les gradins à observer le terrain ?
La réponse est simple. Cette personne est tellement investie dans ce match, dans cette compétition qu’il refuse de partir, comme s’il ne veut pas psychologiquement accepter cette défaite.

Peut-être qu’il en est ainsi pour Yona. Celui-ci est tellement investi dans sa volonté que le peuple de Ninvé ne soit pas gracié, qu’il refuse d’accepter la réalité, pourtant évidente. Peut-être que quelque chose peut encore arriver – mais raisonnablement cela n’arrivera jamais. Yona n’arrive pas à y croire, à cette Téchouva et à son agrément par Hachem. Alors il reste planté là, comme ce supporter.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Yona montre à quel point il est investi. Il dira aussi, par exemple, qu’il préfère mourir (!) plutôt que de rester vivant et de voir cette réalité.


Question #5:
Yona s’est construit une Soucca pour se faire de l’ombre. Hachem lui fait pousser ensuite un Kikayone pour … lui faire de l’ombre.
Quel est l’objectif du Kikayone ? Pourquoi Hachem lui offre quelque chose qu’il a déjà ?

En réalité, le Kikayone a deux objectifs, d’après le verset. Le premier étant de donner de l’ombre à Yona ; Quel est la seconde raison d’être du Kikayone ? Le verset dit que le Kikayone a été créé pour Yona afin de « לְהַצִּיל לוֹ, מֵרָעָתוֹ » - « de le sauver de sa douleur ». Cette expression est en fait difficile à traduire. Que signifie exactement « מֵרָעָתוֹ » - de son « רָעָה », de son « mal » ? D’après le contexte, on dirait qu’il s’agit d’une sorte de dépression, d’état psychologique « mauvais » dans lequel se trouverait Yona.

Analysons le texte du livre de Yona, car la terminologie « רָעָה » apparaît de nombreuses fois. Répertorions chacune de ces occurrences et rappelons le contexte de chacune d’elles.  Ceci nous donnera sûrement une indication sur la manière dont il faut comprendre le « רָעָה » qui frappe Yona et pour lequel le Kikayone a été créé par Hachem.

Occurrence de « רָעָה » dans l’ordre du texte
Contexte de ce « רָעָה »
« קוּם לֵךְ אֶל-נִינְוֵה כִּי-עָלְתָה רָעָתָם » (Yona 1:2)
Hachem veut détruire Ninvé car ils ont un comportement de « רָעָה ».
« וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו לְמִי-הָרָעָה הַזֹּאת לָנוּ » (Yona 1:2)
Les marins se demandent d’où vient ce malheur, ce « רָעָה » en faisant référence à la tempête.
« וְיָשֻׁבוּ, אִישׁ מִדַּרְכּוֹ הָרָעָה » (Yona 3:8)
Les gens de Ninvé font Téchouva et se repentent de leur comportement de « רָעָה » du début du livre.
« כִּי-שָׁבוּ מִדַּרְכָּם הָרָעָה » (Yona 3 :10)
« וַיִּנָּחֶם הָאֱלֹקִים, עַל-הָרָעָה » (Yona 3 :10)
Hachem change d’avis et ne met pas en application le plan de « רָעָה » qu’il avait prévu pour Ninvé
« וַיֵּרַע אֶל-יוֹנָה, רָעָה גְדוֹלָה; וַיִּחַר, לוֹ » (Yona 4:1)
Voyant que Hachem ne fait pas de « רָעָה » à Ninvé, cela cause un double « רָעָה » à Yona
« כִּי אַתָּה אֵ-ל-חַנּוּן וְרַחוּם וְנִחָם עַל-הָרָעָה » (Yona 4:2)
Yona ‘reproche’ à Hachem d’avoir renoncer à faire le « רָעָה » qu’il avait prévu à Ninvé
« וַיְמַן ה’-אֱלֹקִים קִיקָיוֹן לְהַצִּיל לוֹ, מֵרָעָתוֹ » (Yona 4:6)
C’est alors que Hachem fait pousser un Kikayone afin d’épargner Yona de son « רָעָה »


Quelle est la suite logique des occurrences de « רָעָה » dans Yona ? On a l’impression que c’est une suite de causes à effets, une sorte d’effet domino des différents « רָעָה ». En effet, Ninvé fait du « רָעָה » devant Hachem qui veut, pour les punir, leur infliger une « רָעָה ». Ninvé fait Téchouva et Hachem renonce à la « רָעָה » qui les attendait. Voyant cela, une « רָעָה » s’empare de Yona.


Question #6:
D’après vous, qu’est-ce que Yona essaie-t-il de fuir ? A priori, on dirait qu’il fuit la mission que Hachem lui a confiée. Et c’est ce qui paraît le plus logique, c’est pour cela que c’est la première réponse qui nous vient.

Cependant, ce n’est pas ce qui est écrit dans le texte. Au contraire, il est répété à plusieurs reprises que Yona fuit « de devant Hachem » - « מִלִּפְנֵי ה’ ». Qu’est-ce que cela signifie que de fuir de devant la présence de D.ieu ? En tout cas, c’est bien différent que de fuir une mission.

Au passage, il est remarquable que la première fois que Yona fait un lien d’appartenance avec D.ieu n’apparaisse que dans la baleine. En effet, à chaque fois que Yona fait référence à D.ieu, il ne fait pas référence à son D.ieu mais à un D.ieu (sans appartenance). Pour la première fois, dans la baleine, Yona prie son D.ieu (Yona 2:2) : « וַיִּתְפַּלֵּל יוֹנָה, אֶל-ה’ אֱלֹקָיו, מִמְּעֵי, הַדָּגָה ».

------
Nous avons jusqu’à présent posé les bases qui vont nous permettre de mieux comprendre le livre de Yona.

4. Donner un sens à la fuite de Yona


Yona nous donne ‘noir sur blanc’ la raison de sa fuite.  C’est déjà ce que nous avions remarqué dans la question #3 ci-dessus. Yona dit (Yona 4:2) :

ב …עַל-כֵּן קִדַּמְתִּי, לִבְרֹחַ תַּרְשִׁישָׁה: כִּי יָדַעְתִּי, כִּי אַתָּה אֵ-ל-חַנּוּן וְרַחוּם, אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב-חֶסֶד, וְנִחָם עַל-הָרָעָה.
2 Aussi m'étais-je empressé de fuir à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu clément et miséricordieux, plein de longanimité et de bienveillance, prompt à revenir sur les menaces.

Nous avions également remarqué que Yona citait une partie des treize Attributs de Miséricorde[4] que Hachem lui-même avait enseignés à Moché dans le Sefer Chemot (Exode 34:6).

     Quel Attribut manque-t-il ?


A ce moment là de l’histoire, nous l’avons vu, Yona est très énervé. Il est « remonté » contre Hachem qui a agréé la Téchouva de Ninvé et il Lui dit en quelques sortes: « Je savais que Tu étais un être miséricordieux et que tu allais accepter leur Téchouva, c’est pour cela que je ne voulais pas accepter ta mission… » Et dans cette phase de contrariété, il change un des Attributs. Au lieu de dire « וֶאֱמֶת » comme dans Sefer Chemot, il dit « וְנִחָם עַל-הָרָעָה ».

Réfléchissons à la notion de « אֱמֶת ». Trouvez-vous que ce soit un Attribut de Miséricorde ? Est-ce par la « Vérité » que Hachem exerce Sa miséricorde sur Terre ? S’il y a bien un Attribut qui a l’air de ne rien avoir avec la miséricorde, il s’agit de l’équité « אֱמֶת » que Yona ne cite pas.

Peut-être que la clé est ici. Yona donne la raison de sa fuite dans ce verset où il remplace un des attributs par un autre. Yona fait une « accusation » envers le comportement de Hachem. Comme s’il Lui disait : « Tu avais dit que Tu es miséricordieux, clément etc. mais Tu avais aussi dit que Tu es équitable, vrai - « אֱמֶת »! »
On peut de plus remarquer que la valeur de « אֱמֶת » semble coller à la peau de Yona. On l’appelle, dès le premier verset : « בֶן-אֲמִתַּי », ce qui ressemble étrangement à « אֱמֶת », comme si on disait que Yona était le fils de « אֱמֶת ».

Quel message Yona veut-il faire passer en faisant ce petit remplacement de mots ?

Quelle est la différence entre « אֱמֶת » et « נִחָם עַל-הָרָעָה » ? Ou plutôt quel lien ont-ils ? Les deux notions de « אֱמֶת » et de « נִחָם עַל-הָרָעָה » sont précisément opposées.

Réfléchissons à cette notion de Vérité – Emeth. Elle s’exprime par la Justice - Din. En effet, ces deux notions – Emeth et Din – sont identiques sauf que l’une est une notion abstraite et l’autre est concrète.
Yona est « בֶן-אֲמִתַּי », c’est-à-dire que c’est un homme dévoué à la Vérité, à la Justice – au Din. Il est cependant intéressant de noter que ce n’est pas la valeur du Judaïsme que l’on préfère en général. On nous apprend depuis tout petit à faire du ’Hessed, à aider les démunis, mais on ne met généralement pas en avant la notion de Din.

Y-a-t-il une manière positive de penser au Din ? Comment faire pour vivre correctement les jours qui vont de Roch Hachana à Yom Kippour et qui sont appelés « Yémei HaDin » - que l’ont traduit même par « les Jours Redoutables » ?

Essayons de comprendre cela au travers des yeux de Yona. On peut comprendre la phrase de Yona comme étant un reproche à Hachem : « Le אֱמֶת, le Din quand ils sont appliqués peuvent aboutir sur des punitions, sur des choses qui font mal, des choses négatives. Mais comme Tu es clément et miséricordieux, Tu n’appliques pas les sentences décrétées par la Justice et tu es נִחָם עַל-הָרָעָה ! »

Si l’on devait résumer la Justice en une seule phrase, laquelle serait-elle ? La réponse est : « Tu as ce que tu mérites » ou, en d’autres termes « Toute action a une conséquence ». Le corollaire est « Tout ce qui arrive a une cause » ou «  Rien n’arrive gratuitement ».

Pourquoi la Justice est-elle si importante ? En quoi la Justice incarne-t-elle également un idéal religieux ?

     Plaidoirie pour la Justice


Imaginez que vous vous trouviez devant le tribunal céleste, après vos cent-vingt ans, attendant votre tour… Imaginez les deux scénarii suivants:
1)      D.ieu a eu une dure journée, il y a eu beaucoup trop de cas déjà traités aujourd’hui et il y a encore beaucoup de cas à traiter avant le vôtre. L’ange administratif en charge de votre dossier s’approche de vous et vous dit : « D.ieu aurait vraiment voulu s’occuper de votre cas, mais vu les circonstances, il ne pourra pas vous prendre en charge. On a une proposition à vous faire. On ferme les yeux sur le jugement et on vous donne une place actuellement libre dans les Cieux. Vous voyez la place là-bas ? Allez-y, vous pouvez la prendre … »
2)      D.ieu vous voit, vous prend par la main et vous dit : « Mon cher enfant, tu n’as pas toujours eu la vie facile. Viens, on va s’asseoir ensemble et on va parcourir ta vie, on va voir tous les bons moments, tous les mauvais moments… » Et voilà D.ieu qui est fier de vous lorsque vous vous êtes bien comportés. Votre vie prend une nouvelle dimension. Vous vous sentez triste, déçu, lorsque vous vous rendez compte que vous n’avez pas été à la hauteur de votre potentiel. Mais vous voyez aussi les fois où vous avez atteint votre potentiel. Et vous parcourez toute votre vie avec D.ieu, chaque micro action a son importance…

Lequel de ces scenarii préfèreriez-vous ? Cette question, il faut se la poser au moins une fois par an, lors des Yemei HaDin sur Terre. Réfléchissez-bien, cette question est profonde.

En général, on répondra qu’on préfèrerait le scenario n°1, obtenir un passe-droit et ne pas avoir à subir un jugement, parce que le scenario n°2 fait peur. Mais, on aimerait bien être ce genre de personne qui se sentirait bien avec le scenario n°2.

Qu’est-ce-qui est préférable dans le scenario n°2 ? Qu’est-ce qui nous y attire ? Ou plutôt, quel est le problème avec le scenario n°1 ?

Le grand problème avec le scénario n°1, c’est que si vous n’aviez pas vécu sur Terre, cela aurait été pareil. Finalement, cela veut dire que ce que vous avez fait sur Terre n’a aucune importance: vous auriez pu ne pas vivre et cela aurait été pareil ! Que vous soyez le pire des criminels ou le plus saint des Justes, vous auriez la même place !

C’est cela le rôle du Din, c’est cela qui fait que le Din est important.
En fait, c’est le Din qui donne son importance aux actions.

 -------------

Imaginons maintenant une autre situation. Votre sœur s’est faite fortement brutalisée sans raison et gratuitement par un homme, elle en gardera les séquelles jusqu’à la fin de ses jours. Vous ne comptez pas en rester là, bien entendu. Vous prenez un bon avocat et poursuivez l’agresseur en justice. Une fois au tribunal, le juge demande à vous parler. Vous allez le voir et il vous dit : « Vous comprenez, l’agresseur est un père de famille, il a une femme, des enfants et, bien que les faits soient avérés, nous avons décidé de ne pas donner suite à ce procès. Vos avocats trouveront bien un terrain d’entente. Allez ! Bon courage ! Et, sans rancune, hein ? »
Quelle serait votre réaction ? Vous sauteriez probablement à la gorge de ce juge ! Vous voulez un jugement ! Vous voulez que l’agresseur soit jugé ! C’est bien là votre pire cauchemar !

Eh bien non, ce n’est pas votre pire cauchemar. Il y en a un autre, bien pire… Parce que finalement, vous pouvez toujours vous dire qu’il y a un Juge, que ceux qui ne sont pas jugés sur Terre, finiront toujours par être jugés dans les Cieux par un D.ieu impartial.

Alors, le voici, votre pire cauchemar. Vous êtes dans la même situation que décrite précédemment, sauf que cette fois, ce n’est pas le juge qui vous tient ce discours que vous avez en horreur, mais D.ieu en personne. C’est D.ieu ‘en personne’ qui vous dit qu’il n’y aura pas de jugement ! Vous n’avez plus aucune option, même D.ieu, celui que vous croyiez impartial, ne veut pas rendre de jugement !

Comment vous sentiriez-vous dans une telle situation ?

Eh bien probablement que vous auriez une envie folle de vous mettre à courir, à fuir D.ieu.
Si même D.ieu ne veut plus rendre la Justice, à quoi cela sert-il de vivre ?

Voila ce que Yona a ressenti. Une vie sans Justice ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est pour cela que Yona fuit – pas de sa mission, mais de devant D.ieu – et qu’il cherche à mourir à plusieurs reprises. Voila pourquoi il continue à fuir, même pendant la tempête sur le bateau lorsqu’il part dormir, comme une sorte de fuite de la réalité. Voila pourquoi il répète qu’il préfèrerait être mort plutôt que vivant !

Mais Hachem le rattrape et, après l’épisode de la baleine, il ne fuit plus mais il espère toujours que Hachem n’acceptera pas la Téchouva de Ninvé car ce serait travestir la notion de Justice tellement importante. S’ils ont fait du mal, ils doivent subir du mal. C’est cela d’ailleurs que l’on retrouve en quelques sortes dans l’effet domino de « רָעָה » que nous avons mis en exergue plus haut. Alors, lorsque le fils du Emeth voit que le Din est bafoué par le Juge Suprême qui préfère changer ses plans et ne pas faire subir de « רָעָה » à ceux qui le méritent, il est désespéré, hors de lui, ne souhaite même plus vivre, et ressent ce « רָעָה »…[5] Alors Hachem fait pousser un Kikayone dont l’un des objectifs, dit le verset, est de le « sauver de son רָעָה ».

Le livre de Yona n’a pas pour objectif de parler de Ninvé et de leur Téchouva, mais plutôt de Yona et de sa manière de penser et de la leçon que Hachem lui a donnée à travers le Kikayone.

5. La leçon du Kikayone


Dans l’histoire du Kikayone, qui termine le livre de Yona, il y a deux personnages : il y a le Kikayone et il y a le vers.

     Les deux protagonistes de l’histoire


Lorsque le Kikayone a poussé, Yona éclate de joie « וַיִּשְׂמַח יוֹנָה עַל-הַקִּיקָיוֹן, שִׂמְחָה גְדוֹלָה ». Qu’est-ce que ce Kikayone  offre-t-il de si extraordinaire ? Pourquoi Yona est-il si joyeux ? Il avait déjà de l’ombre !

Lorsque le vers s’attaque à l’arbre et le dessèche, Yona est tellement déçu qu’il préfère mourir. Ceci est très étonnant. Cette protection, il ne l’avait que depuis une journée, et puis il n’en avait pas vraiment besoin… Cela justifie-t-il un suicide ?! Et pourtant, c’est ce que Yona projette de faire ! Pourquoi Yona veut-il mourir à cause de l’arbre qui a desséché ? C’est la deuxième fois que Yona exprime un souhait de mourir. Lorsque Hachem avait pardonné à Ninvé, il avait déjà souhaité mourir. Et maintenant, il récidive.

Quelle est la signification du Kikayone ? Est-ce que le Kikayone est une expression du Din ? Est-ce que le Kikayone existerait seulement dans un monde de Din ? Dans un monde de Din, nous l’avons vu, la règle est : « Tout ce qui arrive a une cause ». Ici, quelle est la cause du Kikayone ? Dans un monde de Din, pour avoir un arbre, il faut planter des graines, arroser, éclairer, attendre des mois, des années etc. Alors, d’où vient ce Kikayone ? Il vient de nulle part, il vient directement de D.ieu, c’est un véritable « יש מאין » ! Alors pourquoi cela arrive ? Parce que D.ieu aime Yona. Il lui donne ce qu’il a déjà – de l’ombre – mais cela vient de D.ieu, c’est une preuve d’amour inestimable : cette ombre vient de D.ieu spécialement pour lui. Yona ressent cette marque d’amour et s’en sent exalté. Ce Kikayone est donc une marque de Miséricorde – Ra’hamim, pas de Din.

Quel est le sens du deuxième personnage – le vers ? Si le Kikayone représente la Ra’hamim, le vers représente quant à lui le Din. Le vers, c’est l’énergie qui vient et qui signifie à l’arbre qu’il n’a aucune raison juste d’exister. Le vers détruit donc le Kikayone.

Yona voit l’arbre desséché par le vers, par la Justice, et veut mourir. Pourquoi ?

Yona est en face d’un bel arbre qui lui procure du bien, de l’ombre dans cet endroit où il fait chaud et le soleil frappe fort. Cet arbre est sur le point d’être desséché, quel argument peut-il évoquer pour défendre le maintien de cet arbre ?

Yona pourrait dire : « Et Alors ?  Qu’est-ce qu’il y a si cet arbre ne méritait pas d’être là ? Maintenant, il est là ! Peu importe la raison qui fait qu’il soit là maintenant, ce qui compte c’est qu’il produit du bien, ce qui compte c’est le potentiel de cet arbre, alors pourquoi le détruire ?! Il peut encore produire de l’ombre pendant des décennies et ainsi protéger du soleil de nombreuses personnes…»

     Argument de la Miséricorde


Si la Justice a son argument, la Miséricorde a le sien.

Lors d’un procès, l’accusation cherchera à répondre à une et une seule question : « L’accusé a-t-il fait ce qui lui est reproché ? Qu’a-t-il fait ? Si l’on sait ce qu’il a fait, l’on saura s’il est coupable !». C’est la Justice : « Que s’est-il passé ? Si l’on connaît les actions, on pourra déterminer les conséquences. » Une fois démontré que les faits sont avérés, la Justice fera tout pour que le coupable soit condamné. Quel est son argument ? « Tu l’as fait ! Tu mérites donc d’être sanctionné ».

Quel est l’argument de la Miséricorde?

De manière similaire, quel est l’argument de la Téchouva ? Qu’est-ce que cela change qu’une personne fasse Téchouva ou pas? De toutes les façons, le mal est fait ?
Eh bien, oui, le mal est fait. Mais en faisant Téchouva, la personne change pour le futur. On ne pourra jamais revenir sur le passé, mais la Téchouva change le futur.

Alors que le Din se base les actes passés, le Rah’amim (miséricorde) se base sur le futur potentiel.

La Miséricorde s’attache à ce qui pourra se produire dans le futur. Elle dit : « Regardez le potentiel de cette personne ! Regardez ce qu’elle peut encore produire de bien ! Il vaut encore la peine de la laisser en vie ! »[6]

C’est exactement la raison pour laquelle Yona veut mourir devant cet arbre desséché qui avait un potentiel énorme : pourquoi D.ieu l’a-t-il détruit ? Il était destiné à faire du bien, pourquoi l’avoir desséché ?

La réponse de Hachem prend alors tout son sens : « Regarde les gens de Ninvé ! Regarde combien ils sont nombreux ! Regarde la somme de potentiels qu’ils représentent ! D’accord, ils ne méritent pas mais ils ont fait Téchouva, alors regarde dans le futur ! »

Grâce au Kikayone, Hachem a montré à Yona qu’un monde ne peut pas reposer que sur la Justice.
Yona, l’être du Emeth, de la Justice, par excellence,  a très mal vécu un acte de Justice sur un Kikayone qui n’était là que par Ra’hamim.

6. Conclusion


Nous avions posé plusieurs questions dans les paragraphes d’introduction :
-          Pourquoi lit-on Yona à Yom Kippour ?
-          Pourquoi Yom Kippour a lieu après Roch Hachana et non l’inverse ?

Tout cela relève de la même idée.

Si vous avez bien ressenti Roch Hachana, si vous avez bien vécu cette journée, alors pendant les jours qui suivent, vous devriez être troublé par une question, la même que celle de Yona.

Roch Hachana est le jour du Din, le jour où l’on comprend que les actes ont des conséquences, que ce sont les actes que j’ai faits qui importent, que ce sont mes actes qui sont comptés, évalués etc. Alors, à la sortie de Roch Hachana, nous sommes pleinement conscients de la valeur de nos actes, que chaque micro action que nous faisons a son importance, que c’est justement pour cela que la vie, que notre vie, a un sens…

Dès lors, à quoi cela sert-il que nous fassions Téchouva sur nos actions passées ? En quoi notre Téchouva va nous donner le droit de vivre encore ? ‘Le mal est fait’, pourrait-on dire.

Alors la réponse viendra de Yona. Car le livre de Yona nous apprend comment un jour de Ra’hamim peut avoir un impact sur un monde de Din. C’est ce qui nous donnera de quoi répondre au Maître du Monde : nous avons encore du potentiel ! Laisse nous vivre ! Car nous pouvons encore accomplir de bonnes choses.

C’est cette leçon que Hachem a donné à Yona tout au long de sa vie. Nos sages disent que Yona était un enfant mort né qui revécut miraculeusement. Il aurait pu, de cet évènement, comprendre l’importance de la Miséricorde. Lorsqu’il était dans le poisson, nos sages expliquent qu’il était dans la matrice d’un poisson féminin (דגה et non plus דג). La aussi, il aurait pu comprendre le message lié à la matrice/Ré’hem/Ra’hamim ; il fut sauver sans véritable raison dans cette mer tumultueuse. L’image du Kikayone et du vers a fini par parler à Yona et il prit la leçon. Nous aussi, dans notre vie, Hachem nous envoie des messages, des leçons. Essayons de ne pas les rater.

L’histoire de Yona est finalement une démonstration de l’importance du jour de Yom Kippour malgré le bon sens de la nécessité de la Justice représentée par Roch Hachana.

Annexe – le livre de Yona – version complète

 

     Chapitre 1


א וַיְהִי, דְּבַר-ה, אֶל-יוֹנָה בֶן-אֲמִתַּי, לֵאמֹר.
1 La parole de l'Eternel fut adressée à Jonas, fils d'Amittaï, en ces termes:
ב קוּם לֵךְ אֶל-נִינְוֵה, הָעִיר הַגְּדוֹלָה--וּקְרָא עָלֶיהָ: כִּי-עָלְתָה רָעָתָם, לְפָנָי.
2 "Lève-toi! Va à Ninive, la grande ville, et prophétise contre elle; car leur iniquité est arrivée jusqu'à moi."
ג וַיָּקָם יוֹנָה לִבְרֹחַ תַּרְשִׁישָׁה, מִלִּפְנֵי ה’; וַיֵּרֶד יָפוֹ וַיִּמְצָא אֳנִיָּה בָּאָה תַרְשִׁישׁ, וַיִּתֵּן שְׂכָרָהּ וַיֵּרֶד בָּהּ לָבוֹא עִמָּהֶם תַּרְשִׁישָׁה, מִלִּפְנֵי, ה’.
3 Mais Jonas se leva pour fuir à Tarsis, hors de la présence de l'Eternel; il se rendit à Jaffa, où il trouva un vaisseau en partance pour Tarsis. Il paya le passage et s'y embarqua pour aller avec eux à Tarsis, loin de la présence de l'Eternel.
ד וַה’, הֵטִיל רוּחַ-גְּדוֹלָה אֶל-הַיָּם, וַיְהִי סַעַר-גָּדוֹל, בַּיָּם; וְהָאֳנִיָּה, חִשְּׁבָה לְהִשָּׁבֵר.
4 Or, l'Eternel suscita un vent violent sur la mer et une grande tempête s'y éleva; le vaisseau pensa se briser.
ה וַיִּירְאוּ הַמַּלָּחִים, וַיִּזְעֲקוּ אִישׁ אֶל-אֱלֹהָיו, וַיָּטִלוּ אֶת-הַכֵּלִים אֲשֶׁר בָּאֳנִיָּה אֶל-הַיָּם, לְהָקֵל מֵעֲלֵיהֶם; וְיוֹנָה, יָרַד אֶל-יַרְכְּתֵי הַסְּפִינָה, וַיִּשְׁכַּב, וַיֵּרָדַם.
5 Les matelots prirent peur, et chacun d'invoquer son Dieu. Ils jetèrent à la mer les objets qui se trouvaient sur le vaisseau afin de l'alléger. Pour Jonas, il était descendu au fond du navire, s'y était couché et profondément endormi.
ו וַיִּקְרַב אֵלָיו רַב הַחֹבֵל, וַיֹּאמֶר לוֹ מַה-לְּךָ נִרְדָּם; קוּם, קְרָא אֶל-אֱלֹקֶיךָ--אוּלַי יִתְעַשֵּׁת הָאֱלֹקִים לָנוּ, וְלֹא נֹאבֵד.
6 Le commandant de l'équipage s'approcha de lui et lui dit: "Que fais-tu là, dormeur? Debout! Invoque ton Dieu, peut-être ce Dieu-là s'ingéniera-t-il en notre faveur, de sorte que nous ne périrons pas."
ז וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל-רֵעֵהוּ, לְכוּ וְנַפִּילָה גוֹרָלוֹת, וְנֵדְעָה, בְּשֶׁלְּמִי הָרָעָה הַזֹּאת לָנוּ; וַיַּפִּלוּ, גּוֹרָלוֹת, וַיִּפֹּל הַגּוֹרָל, עַל-יוֹנָה.
7 Cependant les matelots se disaient l'un à l'autre: "Voyons, tirons au sort, afin de connaître celui qui nous attire ce malheur." Ils tirèrent au sort, et le sort désigna Jonas.
ח וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו--הַגִּידָה-נָּא לָנוּ, בַּאֲשֶׁר לְמִי-הָרָעָה הַזֹּאת לָנוּ: מַה-מְּלַאכְתְּךָ, וּמֵאַיִן תָּבוֹא--מָה אַרְצֶךָ, וְאֵי-מִזֶּה עַם אָתָּה.
8 Ils lui dirent: Apprends-nous donc puisque c'est toi qui nous attires ce malheur quelle est ta profession et d'où tu viens; quel est ton pays et à quel peuple tu appartiens."
ט וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם, עִבְרִי אָנֹכִי; וְאֶת-ה’ אֱלֹקֵי הַשָּׁמַיִם, אֲנִי יָרֵא, אֲשֶׁר-עָשָׂה אֶת-הַיָּם, וְאֶת-הַיַּבָּשָׁה.
9 Il leur répondit: "Je suis Hébreu; j'adore l'Eternel, Dieu du ciel, qui a créé la mer et la terre ferme."
י וַיִּירְאוּ הָאֲנָשִׁים יִרְאָה גְדוֹלָה, וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו מַה-זֹּאת עָשִׂיתָ: כִּי-יָדְעוּ הָאֲנָשִׁים, כִּי-מִלִּפְנֵי ה’ הוּא בֹרֵחַ--כִּי הִגִּיד, לָהֶם.
10 Ces hommes, saisis d'une grande terreur, lui dirent: "Qu'as-tu fait là!" Car ils surent alors qu'il s'enfuyait de devant l'Eternel, Jonas le leur ayant appris.
יא וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו מַה-נַּעֲשֶׂה לָּךְ, וְיִשְׁתֹּק הַיָּם מֵעָלֵינוּ: כִּי הַיָּם, הוֹלֵךְ וְסֹעֵר.
11 Ils ajoutèrent: "Que devons-nous faire de toi pour que la mer se calme autour de nous? Car la mer devient de plus en plus furieuse."
יב וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם, שָׂאוּנִי וַהֲטִילֻנִי אֶל-הַיָּם, וְיִשְׁתֹּק הַיָּם, מֵעֲלֵיכֶם: כִּי, יוֹדֵעַ אָנִי, כִּי בְשֶׁלִּי, הַסַּעַר הַגָּדוֹל הַזֶּה עֲלֵיכֶם.
12 Il leur répondit: "Prenez-moi et jetez-moi à la mer, vous la verrez s'apaiser, car je reconnais que c'est par mon fait que vous essuyez cette violente tempête."
יג וַיַּחְתְּרוּ הָאֲנָשִׁים, לְהָשִׁיב אֶל-הַיַּבָּשָׁה--וְלֹא יָכֹלוּ: כִּי הַיָּם, הוֹלֵךְ וְסֹעֵר עֲלֵיהֶם.
13 Ces hommes firent force de rames pour regagner la côte, mais ils ne purent, tant la mer orageuse continuait à les assaillir!
יד וַיִּקְרְאוּ אֶל-ה’ וַיֹּאמְרוּ, אָנָּה ה’ אַל-נָא נֹאבְדָה בְּנֶפֶשׁ הָאִישׁ הַזֶּה, וְאַל-תִּתֵּן עָלֵינוּ, דָּם נָקִיא: כִּי-אַתָּה ה’, כַּאֲשֶׁר חָפַצְתָּ עָשִׂיתָ.
14 Ils invoquèrent donc l'Eternel en disant: "De grâce, ô Eternel, ne nous fais point périr à cause de cet homme, et ne fais pas retomber sur nous le sang innocent! Car c'est toi-même qui as fait ce que tu as voulu."
טו וַיִּשְׂאוּ, אֶת-יוֹנָה, וַיְטִלֻהוּ, אֶל-הַיָּם; וַיַּעֲמֹד הַיָּם, מִזַּעְפּוֹ.
15 Puis ils saisirent Jonas et le jetèrent à la mer. Aussitôt la fureur de la mer se calma.
טז וַיִּירְאוּ הָאֲנָשִׁים יִרְאָה גְדוֹלָה, אֶת-ה’; וַיִּזְבְּחוּ-זֶבַח, לַה’, וַיִּדְּרוּ, נְדָרִים.
16 Et ces hommes conçurent une vénération profonde pour l'Eternel; ils lui offrirent des sacrifices et firent des vœux en son honneur.

 

     Chapitre 2


א וַיְמַן ה’ דָּג גָּדוֹל, לִבְלֹעַ אֶת-יוֹנָה; וַיְהִי יוֹנָה בִּמְעֵי הַדָּג, שְׁלֹשָׁה יָמִים וּשְׁלֹשָׁה לֵילוֹת.
1 L'Eternel suscita un énorme poisson, qui engloutit Jonas; celui-ci resta dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits.
ב וַיִּתְפַּלֵּל יוֹנָה, אֶל-ה’ אֱלֹקָיו, מִמְּעֵי, הַדָּגָה.
2 Dans les entrailles mêmes de ce poisson, Jonas adressa une prière à l'Eternel, son Dieu,
ג וַיֹּאמֶר, קָרָאתִי מִצָּרָה לִי אֶל-ה’--וַיַּעֲנֵנִי; מִבֶּטֶן שְׁאוֹל שִׁוַּעְתִּי, שָׁמַעְתָּ קוֹלִי.
3 et il dit: "Dans ma détresse j'ai invoqué l'Eternel, il m'a répondu : du sein du Cheol je t'ai imploré, tu as entendu ma voix.
ד וַתַּשְׁלִיכֵנִי מְצוּלָה בִּלְבַב יַמִּים, וְנָהָר יְסֹבְבֵנִי; כָּל-מִשְׁבָּרֶיךָ וְגַלֶּיךָ, עָלַי עָבָרוּ.
4 Le flot me ballottait au cœur des mers, et les courants m'enveloppaient; toutes tes vagues et toutes tes lames passaient sur moi.
ה וַאֲנִי אָמַרְתִּי, נִגְרַשְׁתִּי מִנֶּגֶד עֵינֶיךָ; אַךְ אוֹסִיף לְהַבִּיט, אֶל-הֵיכַל קָדְשֶׁךָ.
5 Déjà je me disais: "Je suis repoussé loin de tes regards!" Mais non, je veux contempler encore ton temple saint.
ו אֲפָפוּנִי מַיִם עַד-נֶפֶשׁ, תְּהוֹם יְסֹבְבֵנִי; סוּף, חָבוּשׁ לְרֹאשִׁי.
6 Les eaux m'investissaient, menaçant ma vie, j'étais cerné par l'Abîme, les algues étreignaient ma tête.
ז לְקִצְבֵי הָרִים יָרַדְתִּי, הָאָרֶץ בְּרִחֶיהָ בַעֲדִי לְעוֹלָם; וַתַּעַל מִשַּׁחַת חַיַּי, ה’ אֱלֹהָי.
7 Précipité jusqu'à la racine des montagnes, la terre me fermait ses barrières pour toujours... Tu as sauvé ma vie de la perdition, Eternel, mon Dieu.
ח בְּהִתְעַטֵּף עָלַי נַפְשִׁי, אֶת-ה’ זָכָרְתִּי; וַתָּבוֹא אֵלֶיךָ תְּפִלָּתִי, אֶל-הֵיכַל קָדְשֶׁךָ.
8 Quand mon âme, dans mon sein, allait défaillir, je me suis ressouvenu de l'Eternel, et ma prière a monté vers toi, vers ton sanctuaire auguste.
ט מְשַׁמְּרִים, הַבְלֵי-שָׁוְא--חַסְדָּם, יַעֲזֹבוּ.
9 Ceux qui révèrent des idoles menteuses, ceux-là font bon marché de leur salut.
י וַאֲנִי, בְּקוֹל תּוֹדָה אֶזְבְּחָה-לָּךְ, אֲשֶׁר נָדַרְתִּי, אֲשַׁלֵּמָה: יְשׁוּעָתָה, לַה’. {ס}
10 Pour moi, c'est en te rendant hautement grâce, que je t'offrirai des sacrifices; j'accomplirai les vœux que j'ai prononcés: le secours vient du Seigneur!"
יא וַיֹּאמֶר ה’, לַדָּג; וַיָּקֵא אֶת-יוֹנָה, אֶל-הַיַּבָּשָׁה. {פ}
11 L'Eternel ordonna au poisson de rejeter Jonas sur la côte.

 

     Chapitre 3


א וַיְהִי דְבַר-ה’ אֶל-יוֹנָה, שֵׁנִית לֵאמֹר.
1 La parole de l'Eternel fut adressée une seconde fois à Jonas, en ces termes:
ב קוּם לֵךְ אֶל-נִינְוֵה, הָעִיר הַגְּדוֹלָה; וּקְרָא אֵלֶיהָ אֶת-הַקְּרִיאָה, אֲשֶׁר אָנֹכִי דֹּבֵר אֵלֶיךָ.
2 "Lève-toi, va à Ninive la grande ville, et fais-y la publication que je te dicterai."
ג וַיָּקָם יוֹנָה, וַיֵּלֶךְ אֶל-נִינְוֵה--כִּדְבַר ה’; וְנִינְוֵה, הָיְתָה עִיר-גְּדוֹלָה לֵאלֹקִים--מַהֲלַךְ, שְׁלֹשֶׁת יָמִים.
3 Jonas se leva et se rendit à Ninive, selon l'ordre du Seigneur. Or, Ninive était une ville puissamment grande: [il fallait] trois jours pour la parcourir.
ד וַיָּחֶל יוֹנָה לָבוֹא בָעִיר, מַהֲלַךְ יוֹם אֶחָד; וַיִּקְרָא, וַיֹּאמַר, עוֹד אַרְבָּעִים יוֹם, וְנִינְוֵה נֶהְפָּכֶת.
4 Jonas commença à parcourir la ville l'espace d'une journée, et publia cette annonce: "Encore quarante jours, et Ninive sera détruite!"
ה וַיַּאֲמִינוּ אַנְשֵׁי נִינְוֵה, בֵּאלֹהִים; וַיִּקְרְאוּ-צוֹם וַיִּלְבְּשׁוּ שַׂקִּים, מִגְּדוֹלָם וְעַד-קְטַנָּם.
5 Les habitants de Ninive crurent en Dieu; ils proclamèrent un jeûne, et tous, grands et petits, se vêtirent de cilices.
ו וַיִּגַּע הַדָּבָר, אֶל-מֶלֶךְ נִינְוֵה, וַיָּקָם מִכִּסְאוֹ, וַיַּעֲבֵר אַדַּרְתּוֹ מֵעָלָיו; וַיְכַס שַׂק, וַיֵּשֶׁב עַל-הָאֵפֶר.
6 Le bruit étant parvenu jusqu'au roi de Ninive, il se leva de son trône, jeta bas son manteau, se couvrit d'un cilice et s'assit sur la cendre.
ז וַיַּזְעֵק, וַיֹּאמֶר בְּנִינְוֵה, מִטַּעַם הַמֶּלֶךְ וּגְדֹלָיו, לֵאמֹר: הָאָדָם וְהַבְּהֵמָה הַבָּקָר וְהַצֹּאן, אַל-יִטְעֲמוּ מְאוּמָה--אַל-יִרְעוּ, וּמַיִם אַל-יִשְׁתּוּ.
7 Et il fit publier dans Ninive comme décret du roi et de ses dignitaires ce qui suit: "Que ni homme ni bête, ni gros ni menu bétail ne goûtent quoi que ce soit; qu'on ne les laisse pâturer ni boire de l'eau.
ח וְיִתְכַּסּוּ שַׂקִּים, הָאָדָם וְהַבְּהֵמָה, וְיִקְרְאוּ אֶל-אֱלֹקִים, בְּחָזְקָה; וְיָשֻׁבוּ, אִישׁ מִדַּרְכּוֹ הָרָעָה, וּמִן-הֶחָמָס, אֲשֶׁר בְּכַפֵּיהֶם.
8 Que les hommes et le bétail soient enveloppés de cilices; que chacun invoque Dieu avec force, qu'il renonce à sa mauvaise conduite et à la rapine qui est dans ses mains!
ט מִי-יוֹדֵעַ יָשׁוּב, וְנִחַם הָאֱלֹקִים; וְשָׁב מֵחֲרוֹן אַפּוֹ, וְלֹא נֹאבֵד.
9 Qui sait? Peut-être Dieu, se ravisant, révoquera-t-il son arrêt et se départira-t-il de son courroux, pour que nous ne périssions pas."
י וַיַּרְא הָאֱלֹקִים אֶת-מַעֲשֵׂיהֶם, כִּי-שָׁבוּ מִדַּרְכָּם הָרָעָה; וַיִּנָּחֶם הָאֱלֹקִים, עַל-הָרָעָה אֲשֶׁר-דִּבֶּר לַעֲשׂוֹת-לָהֶם--וְלֹא עָשָׂה.
10 Dieu, en effet, considérant leur conduite, voyant qu'ils avaient abandonné leur mauvaise voie, revint sur la calamité qu'il leur avait annoncée et n'accomplit pas sa menace.

 

     Chapitre 4


א וַיֵּרַע אֶל-יוֹנָה, רָעָה גְדוֹלָה; וַיִּחַר, לוֹ.
1 Jonas en conçut un grand déplaisir et se mit en colère.
ב וַיִּתְפַּלֵּל אֶל-ה’ וַיֹּאמַר, אָנָּה ה’ הֲלוֹא-זֶה דְבָרִי עַד-הֱיוֹתִי עַל-אַדְמָתִי--עַל-כֵּן קִדַּמְתִּי, לִבְרֹחַ תַּרְשִׁישָׁה: כִּי יָדַעְתִּי, כִּי אַתָּה אֵ-ל-חַנּוּן וְרַחוּם, אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב-חֶסֶד, וְנִחָם עַל-הָרָעָה.
2 Et il adressa à l'Eternel cette prière: "Hélas! Seigneur, n'est-ce pas là ce que je disais étant encore dans mon pays? Aussi m'étais-je empressé de fuir à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu clément et miséricordieux, plein de longanimité et de bienveillance, prompt à revenir sur les menaces.
ג וְעַתָּה ה’, קַח-נָא אֶת-נַפְשִׁי מִמֶּנִּי: כִּי טוֹב מוֹתִי, מֵחַיָּי. {ס}
3 Et maintenant, ô Eternel, de grâce, ôte-moi la vie; car la mort pour moi est préférable à la vie."
ד וַיֹּאמֶר ה’, הַהֵיטֵב חָרָה לָךְ.
4 L'Eternel répondit: "Est-ce à bon droit que tu t'affliges?"
ה וַיֵּצֵא יוֹנָה מִן-הָעִיר, וַיֵּשֶׁב מִקֶּדֶם לָעִיר; וַיַּעַשׂ לוֹ שָׁם סֻכָּה, וַיֵּשֶׁב תַּחְתֶּיהָ בַּצֵּל, עַד אֲשֶׁר יִרְאֶה, מַה-יִּהְיֶה בָּעִיר.
5 Jonas, étant sorti de Ninive, s'était établi à l'orient de la ville; là il s'était dressé une cabane sous laquelle il s'était assis à l'ombre, dans l'attente de ce qui se passerait dans la ville.
ו וַיְמַן ה’-אֱלֹקִים קִיקָיוֹן וַיַּעַל מֵעַל לְיוֹנָה, לִהְיוֹת צֵל עַל-רֹאשׁוֹ, לְהַצִּיל לוֹ, מֵרָעָתוֹ; וַיִּשְׂמַח יוֹנָה עַל-הַקִּיקָיוֹן, שִׂמְחָה גְדוֹלָה.
6 Or, le Seigneur Dieu fit pousser un ricin qui s'éleva au-dessus de Jonas pour ombrager sa tête et le consoler de sa douleur. Jonas ressentit une grande joie au sujet du ricin.
ז וַיְמַן הָאֱלֹקִים תּוֹלַעַת, בַּעֲלוֹת הַשַּׁחַר לַמָּחֳרָת; וַתַּךְ אֶת-הַקִּיקָיוֹן, וַיִּיבָשׁ.
7 Mais dès l'aube du lendemain, ce même Dieu suscita un ver qui rongea le ricin, de sorte qu'il se dessécha.
ח וַיְהִי כִּזְרֹחַ הַשֶּׁמֶשׁ, וַיְמַן אֱלֹקִים רוּחַ קָדִים חֲרִישִׁית, וַתַּךְ הַשֶּׁמֶשׁ עַל-רֹאשׁ יוֹנָה, וַיִּתְעַלָּף; וַיִּשְׁאַל אֶת-נַפְשׁוֹ, לָמוּת, וַיֹּאמֶר, טוֹב מוֹתִי מֵחַיָּי.
8 Puis, quand le soleil fut levé, Dieu fit souffler un vent d'Est étouffant, et le soleil darda ses feux sur la tête de Jonas, qui en fut accablé. Alors il se souhaita la mort à lui-même, et il dit: "La mort vaudrait mieux pour moi que la vie."
ט וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים אֶל-יוֹנָה, הַהֵיטֵב חָרָה-לְךָ עַל-הַקִּיקָיוֹן; וַיֹּאמֶר, הֵיטֵב חָרָה-לִי עַד-מָוֶת.
9 Et Dieu dit à Jonas: "Est-ce à bon droit que tu te chagrines à cause de ce ricin?" Il répondit: "Je m'en chagrine à bon droit, au point de désirer la mort."
י וַיֹּאמֶר ה’--אַתָּה חַסְתָּ עַל-הַקִּיקָיוֹן, אֲשֶׁר לֹא-עָמַלְתָּ בּוֹ וְלֹא גִדַּלְתּוֹ: שֶׁבִּן-לַיְלָה הָיָה, וּבִן-לַיְלָה אָבָד.
10 L'Eternel répliqua: "Quoi! tu as souci de ce ricin qui ne t'a coûté aucune peine, que tu n'as point fait pousser, qu'une nuit a vu naître, qu'une nuit a vu périr:
יא וַאֲנִי לֹא אָחוּס, עַל-נִינְוֵה הָעִיר הַגְּדוֹלָה--אֲשֶׁר יֶשׁ-בָּהּ הַרְבֵּה מִשְׁתֵּים-עֶשְׂרֵה רִבּוֹ אָדָם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע בֵּין-יְמִינוֹ לִשְׂמֹאלוֹ, וּבְהֵמָה, רַבָּה. {ש}
11 et moi je n'épargnerais pas Ninive, cette grande ville, qui renferme plus de douze myriades d'êtres humains, incapables de distinguer leur main droite de leur main gauche, et un bétail considérable!"






[1] Pour un exemple marquant de ce type de question, Cf. Chapitre : Adam, Eve et l’Eléphant dans la Pièce dans Adam et Eve, Caïn et Abel de Rav David Fohrman
[2] Il s’agit d’un arbre – en français : le « Ricin »
[3] A opposer à l’assertion sèche et intimidante de Hachem à Iyov qui cherchait à comprendre Ses chemins « Où étais-tu lorsque J’ai créé le monde ? »
[4] Dans la Torah, les treize Attributs font directement suite à l’histoire du Veau d’Or. Relisez l’histoire du Veau d’Or et vous verrez que l’histoire de Yona en est un miroir parfait.
[5] NdT. Ceci permet de comprendre l’interversion de Yona entre les mots « חַנּוּן » et « רַחוּם »  également. Car la notion de « רַחוּם » représente, si l’on peut dire, la recherche de circonstances atténuantes afin de soulager le Din. Alors que la notion de « חַנּוּן » évoque plutôt une idée de gratuité – « חנם » comme pour dire : même si l’on ne mérite pas d’être épargné, Hachem nous épargne. Certains de nos maîtres comparent la qualité de « חַנּוּן » à un père qui voit son enfant pleurer de douleur : il ne cherchera à aucun moment à savoir s’il mérite ou pas son attention. C’est l’opposé radical de la Justice et c’est ce que Yona « reproche » à Hachem en mettant en avant l’Attribut qui est le plus opposé qui soit  à la Justice: « חַנּוּן ». Car, à la limite, « רַחוּם » fait appel à une analyse de pour et contre, recherches de circonstances atténuantes, ce qui n’est même pas le cas du « חַנּוּן ». (cf. par exemple הגהה על התוספות בר"ה דף י"ז).
[6] En hébreu, Miséricorde se dit Ra’hamim. De quelle racine ce mot découle-t-il ? Du mot Ré’hem qui signifie « matrice ». Quel rapport y-a-t-il entre une matrice et la miséricorde ? La réponse est que Ré’hem s’appelle justement ainsi car le fait de faire pousser un embryon est un acte de pure Ra’hamim, il n’a aucun mérite, n’a rien fait pour qu’on prenne soin de lui, qu’on le pourvoit de tout  ses besoins. Si c’était le cas, aucun embryon ne se développerait. Mais la seule raison d’être de la matrice et de son fonctionnement c’est le fait que cet embryon peut devenir quelqu’un de bien, qu’il est LE potentiel en puissance !



 




Traduit librement par Naty à partir d’une série de conférences données par Rav Fohrman en Septembre 2010. Le titre original de la série est : « Sefer Yonah : Prophet on the Run ».

PS. Pour ceux qui parlent anglais, les deux cours audio original se trouvent ici: http://torahanytime.com/Rabbi/David_Fohrman/

4 commentaires:

  1. J'ai découvert récemment les cours du Rav David Fhorman à travers le livre Adam et Ève et depuis je m'intéresse beaucoup à ses cours. Je viens de découvrir votre site qui m'intéresse particulièrement d'autant plus que je me pose une question:
    J'ai lu le cours sur Yona, or j'étudie en ce moment la Paracha Vayichlah et je me suis demandée si il n'y avait pas ici un parallèle à faire. En effet, Yaacov se prépare à rencontrer Essav et dans le verset 23 du chapitre 22, il est dit que Yaacov prend ses 11 enfants. Rachi demande : << où était Dina ? Il l'avait mise dans un coffre et l'avait enfermée dedans pour ne pas qu'Essav pose ses yeux sur elle et c'est pourquoi Yaacov a été puni car il l'a refusée à son frère : peut-être l'aurait-elle fait revenir vers le bon chemin, et elle est tombée dans la main de Shehem >>. Le Torah Temima continue en disant que Yaacov savait que Essav ferait techouva avec Dina et il ne voulait pas. Pourquoi Yaacov ne voulait-il pas qu'Essav fasse techouva ? Voilà la question que je me posais quand j'ai pensé au cours sur Yona où Rav David Fohramn explique en quoi la techouva de Ninvé posait un problème à Yona. Pourrait-ce être pour les mêmes raisons que Yona (difficulté à accepter la midat rahamim) que yaacov ne veut pas qu'Essav fasse TEchouva? Si oui, en quoi l'histoire de Shehem est elle une réponse à Yaacov ?
    J'ai noté que Dina vient de din, qui signifie justice, mais j'ai un peu de mal à tout assembler. Croyez vous que je suis sur une bonne piste ou pas du tout ?
    Je remarque aussi que le viol de Dina semble être quelque chose d'irréparable. Dina semble salie à jamais et on dirait justement qu'il n'y a pas de retour possible pour elle (selon des commentateurs, elle ne veut pas quitter Shehem car elle se sent fichue, et ce n'est que lorsque Shimon lui promet de l'épouser qu'elle consent à le quitter). Serait-ce là l'application de la Midat Hadin, sans retour en arrière possible, et donc sans avenir?
    De plus Yaacov se rend à souccot après sa rencontre avec Essav, là aussi il semble y avoir une ressemblance avec la soucca de Yona et peut être avec la soucca qui vient après Kippour (ce passage à souccot à lieu cependant avant l'histoire de Chehem)
    J'aurais beaucoup aimé avoir votre avis sur mes réflexions car j'ai peur de suivre une mauvaise piste, mais je ne trouve aucune réponse à ma question (pourquoi selon Torah Temima Yaacov n'aurait-il pas voulu qu'Essav fasse techouva ? Et en quoi l'affaire chehem constitue-t-elle une leçon pour Yaacov ?)
    Le parallèle avec Yona me semble possible mais il me manque certains éléments... Qu'en pensez-vous ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. [message envoyé le 4 octobre 2012 15:41]

      J'ai envie d'aller dans votre sens. Tout simplement parce que je trouve toujours magnifique lorsqu'on arrive à lire la Torah avec deux yeux, en relief, pour reprendre l'analogie de Rav Fohrman.
      Mais je n'ai aucune garantie que ce soit le bon chemin (Qui suis-je? Je ne suis qu'un simple traducteur/transcripteur...).

      Bon, alors voila une ébauche se basant sur votre analyse:

      Ya'akov est le symbole du Emeth (comme le dit le passouk: תתן אמת ליעקב). C'est en ce sens que Yona nous aide, comme vous l'avez dit: de même que Yona ne comprend pas que Ashour fasse Téchouva, de même Yaakov n'accepte pas l'idée de Téchouva chez son frère Racha' notoire.

      Alors H' veut donner une leçon à Ya'akov en retirant la middat harahamim et en ne laissant que la middat hadin. Comment? Avec Shekhem! Comment cette sordide histoire commence-t-elle? Elle commence par le fameux (34:1) "ותצא דינה...לראות בבנות הארץ". Action, réaction. Elle sort et hop, on le lui reproche: middat hadine par excellence. Voila la leçon: le monde ne peut pas tenir que sur la middat hadine.

      Sinon, sur ce que vous avez soulevé dans le nom de Dina qui vient de Din. J'aime bien. On comprend pourquoi elle n'accepte pas de se refaire une nouvelle vie puisque "ce qui est fait, est fait et avait raison d'être fait"...

      Qu'en pensez-vous?

      Le parallèle des Souccot a l'air judicieux. Mais je ne trouve pas pour le moment d'interprétation.

      En tout cas, ça me fait vraiment plaisir de voir que vous lisez ces cours assidûment et qu'ils vous donnent même des idées (je ne sers pas à rien ;-))

      Je ne vous promets rien, mais je vais essayer d'avoir l'avis de Rav Fohrman sur cette histoire.

      Moa'adim Lésim'ha

      Supprimer
  2. Merci pour votre réponse ultra rapide !

    Vous m'avez apporté un élément nouveau du fait de Yaacov qui est symbole du Emeth, et c'est donc un point de plus qui colle. J'apprécie en fait beaucoup tous les cours du Rav David Forhman, depuis que j'ai lu son livre et c'est un plaisir d'avoir accès à ses traductions et de pouvoir échanger sur votre site.

    Merci beaucoup,

    מועדים לשמחה

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. [message envoyé le 19 février 2013 09:28]

      Bonjour,
      J'en ai parlé à Rav Fohrman la semaine dernière. Il n'avait aucune objection sur l'approche mais n'avait pas assez d'éléments pour la confirmer.
      Donc, à approfondir!
      Naty

      Supprimer